Critique
Keren Yedaya, cinéaste israélienne, signe ici un premier film assez amer. L'histoire de Ruthie, prostituée, et de sa fille Or, 17 ans, n'est pas de celles qui réjouissent le cœur. Ruthie a depuis longtemps perdu le sens des responsabilités et sa fille - entre les cours du lycée, les amis et les petits boulots - n'arrive plus à convaincre sa mère de changer de vie. Chaque tentative de faire autre chose se solde par un échec.
Scénario, mise en scène (longs plans-séquences fixes), direction des acteurs, tout dans ce film est bien maîtrisé. Une maîtrise et une rigueur dans la narration qui contribuent par ailleurs à donner à cette histoire tragique l'impression que tout est réglé d'avance, dans une sorte de cheminement obligé et de déterminisme social décourageants. Rien ne viendra se mettre en travers du destin d'Or qui paraît, hélas, tout tracé, rien ne paraît pouvoir entraver le cours désenchanté des choses. Réflexion empreinte de fatalisme sur le problème de la prostitution, sur la condition sociale de certaines femmes en Israël aussi, OR est un film grave.
Antoine Rochat
