Nobody Knows

Affiche Nobody Knows
Réalisé par Hirokazu Kore-eda
Pays de production Japon
Année 2003
Durée
Musique Gonchichi
Genre Drame
Distributeur ARP Sélection
Acteurs Yûya Yagira, Ayu Kitaura, Hiei Kimura, Momoko Shimizu, You
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 482
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Quatre enfants (de 4 à 12 ans) vivent avec leur mère - une jeune femme qui apparaît à la fois chaleureuse et insouciante - dans un petit appartement de Tokyo. Signes particuliers: ils sont tous de pères différents, ils ne vont pas à l'école, et la mère s'efforce même de cacher l'existence de trois d'entre eux aux propriétaires de la maison. Un jour elle disparaît, en leur laissant un peu d'argent et un mot à l'attention de l'aîné, Akira, pour qu'il s'occupe de son frère et de ses deux petites sœurs. Une nouvelle vie commence alors pour ces quatre enfants livrés à eux-mêmes. Pris en charge par Akira, ils parviennent à survivre dans leur petit huis clos, tant bien que mal, en se fixant leurs propres règles. Confrontés au monde extérieur et vivant d'expédients, ils ne pourront pourtant pas empêcher leur fragile équilibre de s'effondrer.

Le film s'inspire d'un fait divers connu au Japon sous le nom des ""quatre enfants abandonnés de Nishi-Sugamo"" (en 1988 ils avaient vécu seuls dans leur appartement pendant six mois, sans qu'aucun habitant de l'immeuble ne s'en aperçoive). Ce fait divers a interpellé le réalisateur et l'a amené à se poser quelques questions: ""La vie de ces enfants ne pouvait pas être seulement négative, dit-il. Il devait y avoir une richesse autre que matérielle, basée sur des moments de complicité, de joie, de tristesse et d'espoir. Je ne voulais donc pas tellement montrer 'l'enfer' vu de l'extérieur que la 'richesse' de leur vie, vue de l'intérieur.""

En cela le film est une réussite: justesse du ton, rythme respectueux de l'existence, utilisation judicieuse des objets et des lieux, observation fine de chacun des enfants (dont l'interprétation est remarquable), pudeur extrême et empathie. Un film tragique sans doute, mais paradoxalement non dépourvu d'espoir.

Antoine Rochat


C'est un film fondé sur un ""fait-divers"" authentique survenu en 1988. Une jeune mère assez immature emménage à Tokyo dans un nouvel appartement, accompagnée de son fils Akira, 12 ans, contraint à la maturité par les circonstances. Une sœur, venue en train, rejoint la famille; deux autres enfants plus petits sont extraits de valises. La famille (les enfants sont tous de pères différents et ne sont jamais allés à l'école) s'efforce de vivre clandestinement, grâce à des moyens hasardeux (la mère s'absente sporadiquement pendant quelques jours et ramène de l'argent gagné on ne sait comment).

Une absence maternelle se prolonge de manière indéterminée. Akira endosse de plus en plus son rôle de chef de famille. Commence pour les enfants un cycle des quatre saisons qui n'a rien à voir avec les concertos de Vivaldi: c'est plutôt une lente descente vers l'enfer. Car, après l'envoi de quelques enveloppes de billets de banque, la mère est définitivement aux abonnés absents. Deux pères allongent chichement la monnaie. Akira fait tout ce qu'il peut pour se débrouiller mais, au fil du temps, ça se gâte. Faute de paiement des factures, l'eau, le gaz, l'électricité sont coupés. On fait face comme on peut, en allant se ravitailler à la fontaine d'un parc public, en recourant à des toilettes publiques, en quémandant des vivres périmés. Akira se fait des copains, un peu douteux: il refuse de devenir un chapardeur de supermarchés. Il rencontre une fille de famille aisée, mal aimée par ses condisciples, qui s'intéresse à lui et aux siens. Il l'entraînera dans une épopée qu'il ne faut pas dévoiler ici.

Au total, une histoire prenante, interprétée par des personnages étonnants d'authenticité. Il faut entrer dans la longueur du film, mais on n'en sort pas indemne.

Daniel Grivel

Daniel Grivel