Mur

Affiche Mur
Réalisé par Simone Bitton
Pays de production France, Israël
Année 2004
Durée
Genre Documentaire
Distributeur Les Films du Paradoxe
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 7 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 482
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Simone Bitton a des origines juives et arabes. Elle a décidé de filmer la construction de cette barrière de béton présenté par les autorités israéliennes comme la panacée aux problèmes de sécurité du pays. Elle filme longuement ce mur de la honte, sous toutes ses formes, elle rencontre des habitants - des paysans palestiniens, un autre des kibboutz, des soldats chargés de la garde -, elle s'arrête aux check-points, elle questionne Amos Yaron, le général de l'état-major israélien chargé des opérations. Tous considèrent la construction du mur - qui n'est d'ailleurs pas infranchissable - comme une tragédie. En enfermant, on s'enferme soi-même. En mettant des vies sous séquestre, on ne résoudra aucun problème. Le film de Simone Bitton est un acte de résistance: ""Les gens désespérés se taisent, dit-elle. Moi je ne suis pas désespérée, je me bats.""



Antoine Rochat





Plutôt qu'un documentaire, ce film est ""une méditation cinématographique personnelle sur le conflit israélo-palestinien"". Simone Bitton est née au Maroc, dans une famille juive qui s'est installée à Jérusalem en 1966. Elle a fait son service militaire comme tous les jeunes Israéliens, ""j'ai vu la mort, cela m'a rendue pacifiste pour la vie"". Elle parle le français, l'arabe et l'hébreu, vit entre Paris, Israël et le Maroc. ""J'ai toujours considéré cela comme une richesse et un privilège très rare dans un monde où des millions de personnes sont apatrides.""

Le film longe le tracé de séparation qui déchire les deux populations antagonistes. Qu'apporte-t-il d'original? C'est un film pacifiste. A part le général israélien responsable du chantier, Simone Bitton n'interroge que des personnes qui aspirent à la paix, de quelque côté qu'elles vivent. Il n'y a pas d'attentats, pas d'altercations, pas de haine, même le soldat israélien d'un barrage routier se montre plutôt conciliant. Cette méditation n'est qu'un long, profond désir de tranquillité. Si bien que germe un minuscule espoir: plus nombreuses seront les personnes pacifistes dans les deux camps, plus on s'approchera d'un règlement du conflit. C'est ce que dit cette longue balade au cours de laquelle la réalisatrice semble se noyer dans sa double appartenance juive et arabe.

Cela dit, le questionnement est permanent en filigrane. Le mur? Comment peut-on construire une monstruosité pareille. Pourquoi le fait-on sur un tracé qui partage les villages, qui sépare les paysans de leur terre, pourquoi ces expropriations? Pourquoi tant d'humiliation? Un terrible sentiment d'impuissance répond à ces questions. Car, comme le dit Simone Bitton, ce mur sera ""infranchissable pour les gens de bonne volonté de mon espèce, tout en faisant naître de nouvelles vocations kamikases"". La réalisatrice signe un film politique et poétique, avec de la douceur dans les images et une terrible tension sous-jacente. ""La paix finira par venir"", elle y croit, mais en attendant comment assumer la vanité d'une telle tragédie?



Geneviève Praplan"

Ancien membre