Mondovino

Cinéaste et sommelier, Jonathan Nossiter a baladé sa caméra aux quatre coins de la terre pour mener une enquête sur le monde du vin. Des centaines d'hectares de vignes bordelaises aux tout-puissants milliardaires de Napa en Californie, en passant par la Bourgogne et l'Italie, il a rencontré les plus grands noms du vin. Mais au-delà d'un documentaire sur cet incontournable plaisir de la table pour qui aime la bonne chère, MONDOVINO part à la découverte des coulisses de ce monde particulier des producteurs de vin. Il témoigne, un peu à la manière d'un film de Michael Moore, des luttes inégales entre les multinationales et les plus petits récoltants, de la globalisation du goût du vin, de l'influence du guide Parker sur le prix des bouteilles, du travail d'un expert reconnu de tous... Au bout des 2 h 40 du film, on ne boit plus un verre de vin de la même manière. Entre humour, critique d'une sorte d'impérialisme américain, défense d'une tradition menacée par des capitaines d'industrie cherchant surtout le profit, le film ouvre des horizons insoupçonnés pour les néophytes en la matière.

Mais si le thème et son traitement sont passionnants, sa longueur s'avère un peu excessive. Les cadrages aléatoires et les couleurs criardes de la vidéo nuisent fortement à la qualité plastique du film, au risque de rebuter certains spectateurs. Pourtant, plusieurs interviews sont filmées de manière originale, la caméra montrant plutôt des scènes secondaires comme un chien qui se gratte ou un vieux bonhomme tentant de descendre d'une échelle. Nossiter a aussi très bien choisi ses intervenants, par exemple le patriarche d'une famille de Bourgogne qui fait penser à un Bertrand Blier dialogué par Audiard.



Ivan Corbisier





Si le vin est un symbole de la civilisation occidentale depuis des millénaires, jamais le combat pour son âme n'a été aussi féroce que depuis quelques dizaines d'années. Jamais non plus n'y eut-il tant d'argent et de gloire en jeu. C'est dans ce contexte que se situe MONDOVINO, un film qui, davantage que sur le vin lui-même, s'inscrit avant tout dans le sillage de ceux qui le font: vignerons bourguignons, milliardaires californiens ou aristocrates florentins. Avec, en trait d'union, l'incontournable Robert Parker, dont les notes font ou défont la réputation des vins les plus en vue, assisté lui-même d'un des plus grands consultants en vins au monde, Michel Rolland.

S'il était tentant d'opposer la résistance des petits exploitants à la mondialisation galopante, le réalisateur évite au contraire tout manichéisme et se contente, mais avec bonheur, de se mettre à l'écoute de ces hommes, et de ces femmes, du monde de la vigne. Cela nous donne un documentaire riche et instructif, foisonnant de questions et de pensées plus ou moins profondes, à la fois léger et dense, drôle et émouvant, nous révélant des personnages hauts en couleur. Regrettons simplement que ce film soit beaucoup trop long et approximatif formellement, la portée de la démonstration en est aussi fortement atténuée.



Georges Blanc