Fahrenheit 9/11

Affiche Fahrenheit 9/11
Réalisé par Michael Moore
Pays de production U.S.A.
Année 2004
Durée
Musique Jeff Gibbs
Genre Documentaire
Distributeur Mars Distribution
Acteurs Michael Moore, Debbie Petriken, Donald Rumsfeld, Condoleeza Rice, Dick Cheney
Age légal 12 ans
Age suggéré 15 ans
N° cinéfeuilles 482
Bande annonce (Allociné)

Critique

"S'il y a un film qui était attendu au Festival de Cannes cette année, c'est bien FAHRENHEIT 9/11 de Michael Moore. Et l'attente fut récompensée, non pas par un documentaire, mais par un pamphlet anti-Bush dont le ton et la réalisation se situent dans la droite ligne de BOWLING FOR COLUMBINE. Le cinéaste américain, casquette vissée sur la tête, promène son air débonnaire jusque dans les couloirs du pouvoir. Il commence par dénoncer la manipulation des votes et des médias lors des dernières élections présidentielles aux Etats-Unis, démontre l'incapacité crasse de Bush à gérer un pays, poursuit en montrant la création de la peur pour mieux asservir la population, et termine par l'intérêt qu'avaient certains Américains à faire la guerre en Irak, dont la famille Bush. Il conclut de façon assez touchante en résumant l'histoire de l'humanité en une exploitation des pauvres par les riches.

Moore donne presque l'impression de raconter un récit, ce qui fait sa force, tout en abordant des thèmes fondamentaux de manière originale et très personnelle. Son discours anti-Bush et sa manière satirique de traiter ses sujets plaisent en France et en Belgique. Il prêche en quelque sorte devant des convertis, qui s'accommodent de ses approximations, de la fragilité même de ses arguments, de son parti pris, et donc de son manque d'objectivité. Il force par moments des éléments ou des images pour appuyer ses théories, qui pourraient très bien lui être retournées pour démontrer exactement l'inverse. Sans se faire l'avocat du diable, les images de Bush apprenant, dans une école primaire, la catastrophe du 11 septembre, peuvent être interprétées de bien des manières, et non comme ""Bush ne sait pas comment réagir sans un conseiller"". Ceci dit, FAHRENHEIT 9/11 demeure un coup de pied salutaire dans le pouvoir et son message, même s'il est sujet à caution, est le bienvenu.



Ivan Corbisier





Le nouveau ""film - coup de poing"" de Michael Moore a récolté la Palme d'Or et le Prix FIPRESCI du Festival de Cannes 2004 et a dépassé les 100 millions de dollars de recettes aux Etats-Unis. Amènera-t-il un changement de locataire à la Maison-Blanche? Apparemment, il n'agite guère la campagne électorale commençante. Alors, au risque de passer pour politiquement incorrect et sans être, de loin pas, un partisan du gendarme du monde, le soussigné ose une critique acidulée.

On a tout dit sur ce documentaire - documenteur... Les uns sont des inconditionnels du réalisateur grunge, d'autres sont moins enthousiastes (et c'est une litote). Le Canard Enchaîné par exemple s'est montré très réservé pour ne pas dire déçu.

Le commentaire en voix off donne déjà le ton, de même que le nom de la maison de production, Dog Eat Dog, ""le chien bouffe le chien"". Comme à la télévision, les choix musicaux sont faits de manière à amplifier la dramatisation de l'image, de même que l'utilisation du ralenti. Comme à la télévision encore, des coupes abruptes, des affirmations extraites de leur contexte. Il sera intéressant de disposer du film sur DVD, ce qui permettra de le décortiquer et de l'analyser à la manière du Schneidermann d'""Arrêt sur image"", plutôt que de le prendre en pleine poire sans possibilité d'argumenter et de répliquer.

D'autres procédés contribuent à affaiblir la crédibilité du documentaire: par exemple, l'insertion de séquences de films de fiction (LES 7 MERCENAIRES notamment) où, grâce à la palette graphique informatisée, les visages des acteurs sont remplacés par ceux de George W. Bush et de ses conseillers.

Enfin, faisons l'impasse sur la qualité de l'image: quelques scènes filmées en 35 mm mises à part, l'essentiel provient de caméras numériques et d'archives de télévision, soit grain grossier et contours qui bavent.

Bref, le tout tend à confirmer l'idée que la majorité du jury cannois a voulu récompenser un pamphlet politique plutôt qu'un chef-d'œuvre du 7e Art, et un acte de provoc' potache de la part d'un trublion qui, à en juger par son apparence, mériterait de figurer dans la publicité pour SUPERSIZE ME, documentaire (moins biaisé) sur les ravages de McDo...

Rien de fondamentalement nouveau dans le ""brûlot"" de Moore, en tout cas pas pour ceux qui ont lu quelques-uns des nombreux livres sur Bush et sa clique ainsi que sur les compromissions de ceux-ci avec divers groupes et réseaux économiques et religieux. Et si, semble-t-il aux yeux du cinéaste, l'idéal pour la population irakienne serait de revenir au statut qu'elle avait sous Saddam Hussein, le jeu en vaut-il la chandelle?

Pour moins cher qu'une place de cinéma, achetez et lisez le numéro hors-série du Courrier international intitulé ""Made in Bush"". Vous en saurez plus sur les Etats-Unis et leurs problèmes par rapport au reste du monde.



Daniel Grivel"

Ancien membre