Critique
Sergio Castellitto (acteur et cinéaste) est une personnalité. Et l'histoire qu'il voulait raconter paraissait au premier abord intéressante.
Un jour de pluie, une jeune fille glisse avec son scooter sur l'asphalte mouillé. Elle est transportée d'urgence à l'hôpital où travaille son père, Timoteo, qui est chirurgien. Tandis qu'un collègue opère Angela, le père reste là à attendre, dans l'angoisse. Il voit alors remonter à la surface de sa mémoire quelques morceaux de sa propre vie, en particulier les souvenirs enfouis d'un amour passionné et lointain.
Pourquoi alors avoir tant de peine à entrer dans cette narration? Est-ce le visage de l'acteur qui gêne, un visage peu expressif lorsqu'il s'agit de traduire les sentiments intérieurs? Est-ce la juxtaposition de deux histoires trop éloignées dans le temps, la seconde (la passion amoureuse de Timoteo) prenant le pas sur la première (l'accident de sa fille), rendant ainsi dérisoire la lutte des médecins pour sauver Angela? Ou est-ce l'absence de relation étroite entre l'histoire d'Angela et celle de la vie cachée de son père qui dérange? Le spectateur décroche rapidement, peu intéressé par cette histoire à la fois sordide et banale d'un amour extra-conjugal, cela d'autant plus que Timoteo se révèle vite être un personnage instable, égoïste et menteur. A noter toutefois l'intéressante prestation de Penélope Cruz, dans un rôle d'une fille malmenée par la vie à laquelle l'actrice confère force et mystère. Mais cela ne suffit pas à sauver le film.
(Voir aussi l'article de Geneviève Praplan dans CF 494 sous le titre A CORPS PERDUS.)
Antoine Rochat
