Larmes du tigre noir (Les)

Affiche Larmes du tigre noir (Les)
Réalisé par Wisit Sasanatieng
Pays de production Thaïlande
Année 2000
Durée
Musique Amornpong Methakunawat
Genre Drame
Distributeur EuropaCorp Distribution
Acteurs Chartchai Ngamsan, Stella Malucchi, Supakorn Kitsuwon, Arawat Ruangvuth, Sombati Medhanee
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 416
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Retour vers un passé perdu - les années héroïques du film de genre thaïlandais, lorsque les influences hollywoodiennes et d'ailleurs étaient amalgamées à d'exubérants mélodrames que le public adorait - LES LARMES DU TIGRE NOIR est un brillant pastiche de thèmes, de styles et de personnages disparus, quasiment tous reconnaissables comme des variations sur le cinéma des années 50-60, et sur le western en particulier: la parodie des films de Sergio Leone (on retrouve ici jusqu'à la musique d'Ennio Morricone) ou de Sam Peckinpah (on pense à LA HORDE SAUVAGE) est constante. Mais le film n'est pas qu'un pastiche des films romantiques ou d'action américains des années 60: si Wisit Sasanatieng emprunte aussi au genre cinématographique de cette décennie les fondus à l'iris ou à l'ouverture, il les combine à une approche originale et moderniste de la couleur et du scénario. Le résultat - très kitsch et souvent très drôle - est un clin d'oeil amusé aux cinéphiles, un signe nostalgique en même temps que l'expression d'une vision futuriste du cinéma. A noter que l'histoire finit mal, avec la mort du héros, mais qu'elle obéit aux lois du genre thaïlandais: tout le monde doit pleurer, paraît-il, en rentrant chez soi...



Antoine Rochat





On connaissait les westerns spaghetti. Depuis le Festival de Cannes 2001, grâce à la section ""Un certain regard"", on a pu découvrir l'eastern nouilles, autrement dit le film de cow-boys à la thaïlandaise... Sans autre prétention que de pasticher les films de genre indigènes des années 60, LES LARMES DU TIGRE NOIR, au titre fleurant bon le roman-photos, déroulent leurs images kitsch et bariolées qui rappellent les premières cartes postales en couleurs.

Wisit Sasanatieng a fait ses premières armes dans la publicité, et cela saute aux yeux; il doit avoir vu beaucoup de films de Sergio Leone et autres Sam Peckinpah, car les clins d'oeil - visuels et musicaux - ne manquent pas. L'histoire est simple: enfants, Rumpoey, fille d'un notable de Bangkok, et Dum, dont le père est chef d'un petit village, se sont pris d'amitié. Lors d'une balade en barque au milieu des lotus en fleurs, ils sont attaqués par des voyous, la fillette boit la tasse et le garçon est fouetté jusqu'au sang par son père. Neuf ans plus tard, retrouvailles à l'université; Dum doit à nouveau défendre l'honneur de Rumpoey, qui s'éprend de lui. Exclu de la haute école, il décide de travailler dur et de devenir riche pour pouvoir épouser la jeune fille mais, rentré au village, il trouve son père agonisant suite à l'attaque d'un bandit et, décidé à le venger, se joint à une bande emmenée par un chef impitoyable. Il y gagne son surnom de ""Tigre noir"". Pendant ce temps, les parents de Rumpoey projettent de la marier à un jeune officier...

Le cinéma thaïlandais est paraît-il soumis à de nombreux tabous, comme la religion, le sexe, l'armée, la famille royale - mais apparemment pas aux images violentes. Les fusillades crépitent tout au long du film, le sang jaillit à grands jets, les crânes explosent, les balles ricochent, mais comme le tout est caricatural et saupoudré d'humour, ça passe plus que ça ne casse.

Les acteurs, qui étaient tous des quasi-débutants, avec très peu ou pas d'expérience du long métrage, remplissent honorablement leur contrat. Sasanatieng connaît bien sa grammaire cinématographique, use et abuse des fondus à l'iris ou à l'ouverture, et utilise les couleurs chromo avec délectation. Il en résulte un film exotique à souhait pour le spectateur occidental, qui n'en redemanderait peut-être pas tous les jours...



Daniel Grivel"

Ancien membre