Comme une image

Affiche Comme une image
Réalisé par Agnès Jaoui
Pays de production France
Année 2003
Durée
Musique Philippe Rombi
Genre Comédie dramatique, Musical
Distributeur Mars Distribution
Acteurs Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Marilou Berry, Laurent Grévill, Virginie Desarnauts
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 482
Bande annonce (Allociné)

Critique

"COMME UNE IMAGE est un nouvelle réussite du duo Agnès Jaoui - Jean-Pierre Bacri, deux acteurs qui occupent une place bien à eux dans un cinéma français qui a souvent le tort de se montrer très vite satisfait de lui-même. Voilà un film qui se situe à cent lieues des gaudrioles gauloises habituelles. COMME UNE IMAGE, c'est l'histoire d'une jeune fille de 20 ans, Lolita, qui en veut au monde entier parce qu'elle ne ressemble pas aux filles des magazines, et qui aimerait tellement se trouver belle, au moins dans le regard de son père. C'est aussi l'histoire de ce père, Etienne, qui regarde peu les autres parce qu'il se regarde trop lui-même, et qui se sent vieillir. C'est aussi l'histoire de Pierre, un écrivain qui n'y croit plus, et celle de Sylvia, professeur de chant qui doute de son talent. C'est enfin l'histoire d'êtres humains qui savent très bien ce qu'ils feraient s'ils étaient à la place des autres, mais qui ne se débrouillent pas très bien quand ils sont à la leur... COMME UNE IMAGE est un film qui, sans avoir l'air d'y toucher, dit des choses intéressantes sur l'existence, avec tact et humour, élégance et netteté. Le dialogue est pétillant et l'interprétation de tous les acteurs remarquable.



Antoine Rochat





COMME UNE IMAGE est un film qui, sans avoir l'air d'y toucher, dit des choses sérieures sur l'existence, avec tact et humour, élégance et netteté. Le dialogue est pétillant et l'interprétation des acteurs remarquable.

COMME UNE IMAGE, second long métrage de la réalisatrice française, a reçu le Prix du scénario au Festival de Cannes 2004.

Lolita Cassard (Marilou Berry), jeune fille de 20 ans mal dans sa peau de grosse, souvent de mauvaise humeur, aimerait, une fois au moins, se trouver belle dans les yeux de son père. Elle se passionne pour le chant, une manière de se sentir exister et d'échapper à sa propre image. Son père, Etienne Cassard (Jean-Pierre Bacri), éditeur et écrivain célèbre, très occupé, homme blasé et égoïste, exerce sa tyrannie sur son entourage professionnel et sur sa famille, sa fille surtout, et même sa nouvelle femme. Pierre Miller, écrivain lui aussi, mais vrai loser, tente de percer dans le milieu littéraire. Il connaîtra le succès à force d'être encouragé. Sa femme Sylvia (Agnès Jaoui), professeur de chant lyrique, ne doute pas du talent de son mari mais plutôt du sien, ainsi que de celui de son élève Lolita. Elle changera d'avis sur cette élève le jour ou elle se rendra compte que celle-ci est la fille d'Etienne Cassard, auteur qu'elle admire. En fait, ce film, ""c'est l'histoire d'êtres humains qui savent très bien ce qu'ils feraient s'ils étaient à la place des autres, mais qui ne se débrouillent pas très bien à la leur, qui la cherchent tout simplement"", dit la réalisatrice.

Le scénario, co-signé Jaoui/Bacri, s'inscrit dans le genre comédie de mœurs intimiste. Le film ne raconte pas une histoire, mais des histoires séparées qui se croisent et parfois se rejoignent. Il y a moins de personnages que dans LE GOÛT DES AUTRES. L'analyse de chacun est plus riche, notamment autour du thème des rapports de pouvoir, qu'ils soient interpersonnels, au sein des médias ou dans la société. Il en résulte une comédie plus pertinente que dans le film précédent, mais aussi plus amère sur les relations humaines.

Un constat sous forme de questions semble se dégager. Toutes les femmes doivent-elles ressembler aux top models ou aux mannequins des magazines? Qui n'est pas contaminé par la dictature des apparences? Ce qu'elles font mal ces réflexions admiratives pour des femmes minces et sexy que lâche le père devant sa fille! Par ailleurs, tous les hommes doivent-ils être machos et affirmer leur virilité à coups de mots percutants pour se sentir exister? Etienne, encore, pense-t-il que ce soit le seul moyen pour se faire entendre ou pour se faire respecter? Et les artistes sont-ils condamnés à participer à des émissions débiles pour intéresser le public? Le pouvoir s'insinue dès qu'il y a relation entre deux personnes. Le dominant est souvent tyrannique, tandis que le dominé voit souvent un intérêt à accepter ce rôle, même parfois jusqu'à l'humiliation. Il ne peut ou ne veut s'opposer, jusqu'au jour où il se sentira assez fort pour se repositionner. Serait-ce une condition nécessaire pour rester en relation avec l'autre? Ce qu'on appelle alors un compromis? Dans ce cas, nos personnages communiquent-il vraiment? Jusqu'à quand Lolita tolérera-t-elle cette situation?

La réalisatrice s'approche de chacun, saisit les doutes, l'égoïsme, la suffisance, la souffrance. Elle présente une analyse fouillée, subtile, intéressante, non dépourvue d'humour, par petites touches, en s'appuyant sur des dialogues ciselés, précis, mais sans s'appesantir, surfant sur la complexité des relations humaines, dans un style elliptique.

En décor à notre saga, le milieu de l'édition qu'elle égratigne en passant. Et en contre-point - ou en miroir - à toutes ces relations difficiles et complexes, le chant lyrique. Le chant qui devient respiration vitale pour Lolita, chemin pour se trouver et s'affirmer, mais aussi instants d'harmonie pour nos oreilles charmées par les airs de Monteverdi, de Mozart ou de Schubert. Ainsi, d'un côté, des êtres avec leurs relations discordantes et, de l'autre, des voix un peu éduquées qui font entendre des polyphonies harmonieuses. Pourtant, Agnès Jaoui ne semble pas faire la leçon. Juste donner un rythme à cette polyphonie de relations qui peinent tant à s'accorder.

COMME UNE IMAGE, un film tout en nuances qui mérite d'être vu.



Claudine Kolly"

Ancien membre