Brodeuses

Affiche Brodeuses
Réalisé par Eléonore Faucher
Pays de production France
Année 2003
Durée
Musique Michael Galasso
Genre Drame
Acteurs Ariane Ascaride, Lola Naymark, Thomas Laroppe, Marie Félix, Arthur Quehen
Age légal 10 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 482
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Claire est vendeuse dans une grande surface et fait de la broderie dans ses heures de loisir. Quand, du haut de ses 17 ans, elle apprend qu'elle est enceinte de cinq mois, elle ne se pose pas de question et décide d'abandonner son enfant lorsqu'il naîtra. Elle quitte aussitôt son emploi pour se réfugier auprès d'une brodeuse à façon pour la haute couture. C'est là qu'elle pourra cacher sa grossesse. C'est aussi là que jour après jour, point après point, à mesure que le ventre de Claire s'alourdit, va se transmettre entre ces deux femmes plus que l'art de la broderie, celui de la filiation. Une fille qui va devenir mère retrouve une véritable mère.

Quelle sensibilité et quelle infinie délicatesse dans la réalisation de ce film qui ressemble à tant de mélodrames du passé! C'est avec une subtilité de magicienne qu'Eléonore Faucher fait se rapprocher ces deux femmes, et de leur tristesse réciproque vont peu à peu renaître une soif de vie et un bonheur communicatif. L'art de la broderie n'est d'ailleurs pas étranger à cette magie. Ajoutons encore que cette œuvre, qui rappelle à plus d'un titre LA DENTELLIERE, est portée par la fougue d'une jeune actrice pleine d'avenir et par le talent confirmé et la densité du jeu d'Ariane Ascaride. Une œuvre qui séduit par une élégance formelle qui est assez rare pour un premier film.



Georges Blanc





""Un jour, raconte Eléonore Faucher, après avoir fait une simple reprise sur un chandail, j'ai commencé à écrire BRODEUSES. C'est le mouvement de ma main et du fil qui m'ont lancée. Et comme Claire dans le scénario, j'espérais que quelque chose d'unique et de très beau sortirait de ce geste."" Claire (Lola Naymark) travaille dans une supérette. A 17 ans, elle a quitté sa famille et vit seule, enceinte d'un bébé qu'elle cache, avec une passion dévorante, la broderie. Quand sa grossesse commence à se voir, elle essaie de trouver du travail chez Madame Mélikian (Ariane Ascaride), brodeuse pour les grands couturiers. Claire a du talent, elle réussit tout de suite et mène alors de front, son travail et ses difficultés existentielles.

Avec des dialogues qui semblent comptés à la syllabe, des cadrages choisis, des comédiens tout de retenue, Eléonore Faucher réussit un beau premier long métrage, dans une atmosphère qui rappelle celle de LA JEUNE FILLE A LA PERLE. Les deux œuvres ont au moins en commun le silence et l'humilité du vrai talent, la puissance de la création. L'histoire racontée porte beaucoup de choses, des sentiments contradictoires, des souffrances, des deuils. Mais le ton est juste. Tout s'inscrit naturellement dans chaque séquence, sans recherche d'effets. C'est au contraire à l'économie que travaille la réalisatrice, soit pour le scénario, soit pour la caméra. Elle ne laisse rien au hasard et mesure chacun de ses gestes.

BRODEUSES est un film sensible et délicat, fort bien interprété par Ariane Ascaride et Lola Naymark. Ses personnages évoluent en douceur, réapprennent lentement à s'aimer, à aimer la vie. Les luttes sont difficiles. Pourtant, il n'y aura ni mélo, ni psychodrames. Mais une sorte de sérénité, un bonheur tranquille qui déborde de l'écran. Avec cette œuvre, Eléonore Faucher a reçu le Grand Prix de la Semaine de la critique au dernier Festival de Cannes.



Geneviève Praplan"

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