Manito

Affiche Manito
Réalisé par Eric Eason
Pays de production U.S.A.
Année 2002
Genre Drame
Acteurs Franky G., Leo Minaya, Manuel Cabral
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 482

Critique

"Le quartier de Washington Heights ressemble à une île dans la métropole new-yorkaise. La communauté hispanique l'a envahi et tente de faire oublier l'intense trafic de crack qui a noirci la réputation du lieu. Les frères Junior (Franky G.) et Manny (Leo Minaya) en ont été les victimes. L'aîné Junior surtout, qui a payé pour son père! Il essaie aujourd'hui de reprendre une vie normale. A l'instar de toute la communauté, il place son espoir dans son petit frère qui vient de réussir ses examens d'entrée à l'Université. Mais la bonne volonté ne suffit pas toujours et MANITO montre combien il est difficile de sortir de l'engrenage.

Premier long métrage d'Eric Eason, MANITO relate quarante-huit heures déterminantes de la vie d'une famille. Le réalisateur a choisi des acteurs non professionnels, un décor authentique, de vrais appartements. Le tournage en vidéo, caméra à l'épaule, complète cet esprit documentaire, resserré sur la famille, à l'image de l'intensité des moments vécus. C'est un choix qui se défend pour un tel sujet. Qui se justifie aussi par son coût modeste, puisque Eric Eason le rappelle, ""ce genre de petits films personnels est impossible d'un point de vue commercial dans l'industrie étasunienne actuelle"".

Le film démarre lentement, il faut du temps, un peu trop, pour que les personnages se mettent en place. Puis tout se précipite, mais le rythme du montage est intéressant. MANITO offre un beau regard sur un groupe de personnages qui voudraient faire de leur mieux, mais ne parviennent pas à maîtriser les aléas de leur vie. Leur vulnérabilité est au moins aussi grande que leur espoir. Les comédiens amateurs empoignent ces existences comme s'il s'agissait des leurs, si bien que là encore, le documentaire semble prendre le pas sur la fiction. La conclusion du scénario n'en est que plus douloureuse. Le futur de certaines populations est-il vraiment désespéré?

Le film d''Eric Eason est précédé d'un court métrage de 12 minutes, MEYERS, de Steven Hayes, film savoureux sur la routine ordinaire."

Geneviève Praplan