The Agronomist

Affiche The Agronomist
Réalisé par Jonathan Demme
Pays de production U.S.A.
Année 2003
Durée
Musique Wyclef Jean, Jerry Duplessis
Genre Documentaire
Distributeur Bac Films
Acteurs Jean Dominique
Age légal 12 ans
Age suggéré 12 ans
N° cinéfeuilles 481
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Portrait du journaliste indépendant haïtien Jean Dominique, assassiné en avril 2000 - réalisé à partir des entretiens qu'il a eus avec ce personnage hors du commun, devenu par la suite son ami -, Jonathan Demme (DANGEREUSE SOUS TOUS RAPPORTS, LE SILENCE DES AGNEAUX) présente un documentaire admirable, qui nous livre les clés du drame haïtien.

Le cinéaste avait découvert Haïti et Jean Dominique en l986. A partir de l993, il rencontra longuement le journaliste, alors exilé depuis des mois avec son épouse Michèle Montas aux Etats-Unis, tous deux ayant fui la nouvelle terreur exercée par le général Cedras.

C'est à la fois très simple et très compliqué, Haïti. Cette tragique simplicité de la misère accentuée par le viol des droits de l'homme depuis plus d'un siècle, cet enchevêtrement complexe de coups d'Etat, d'ingérences étasuniennes contradictoires, J. Demme et J. Dominique les décryptent magistralement. Après ce film, on a peine à parler au passé de Jean Dominique, journaliste aux convictions démocratiques tenaces, farouchement libre, qui tint à bout de bras, depuis 1968, avec quelques amis et celle qui devint sa femme, ""Radio Haïti Inter"", devant laquelle il fut assassiné le 3 vril 2000. Au départ ingénieur agronome (d'où le titre du film), maintes fois emprisonné, malmené, contraint à l'exil, le personnage est épatant de gouaille, de chaleur, de détermination. Jonathan Demme a filmé leurs longs entretiens, et les a ponctués d'extraits de films et de séquences-reportages tournées au cœur du pays ou lors du journal quotidien de Haïti Inter.

Ayant accompagné l'espoir suscité par l'élection de J.-B. Aristide en 1990, puis soutenu un temps le président Préval, Jean Dominique n'avait cessé de dénoncer la corruption et le trafic de drogue. Il avait perçu les graves risques de dérives que l'évolution d'Aristide, dès son retour en 1994, portait en elle. (...)

Beaucoup de séquences du film seraient à citer, des manifestations populaires de la vallée de l'Antibonite à l'immersion des cendres du journaliste, en passant par les témoignages de sa mère et de ses sœurs, l'évocation des exactions (1980, 1991) des hommes de main des dictateurs contre ""sa"" radio, et celle - si révélatrice du personnage - de son retour en Haïti."

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