Ma mère

"Ce film sulfureux est une adaptation du livre de Georges Bataille, bien connu pour son obsession de la mort et de l'érotisme. Pierre a 17 ans quand son père meurt accidentellement. Il vit aux Canaries avec sa mère (Isabelle Huppert), dans un lieu de vacances où toutes les débauches sont permises. C'est dans ce décor qu'Hélène lâche les amarres et se révèle telle qu'elle est aux yeux de son fils qui n'a pas encore rompu le cordon ombilical. D'une nature immorale, elle initie Pierre à la débauche la plus obscène et en tire une maligne jouissance qui conduira à la mort.

Christophe Honoré, dont c'est le deuxième long métrage, s'est laissé entraîner sans mesure dans ce tourbillon d'érotisme qui atteint les frontières de la pornographie. A partir d'une réflexion sur le thème récurrent des relations mère-fils, le film sombre dans une imagerie qui n'a plus rien de littéraire. Le spectateur n'est pas épargné et se voit confronté à un inventaire de toutes les perversions. La provocation est permanente, elle est généralement gratuite dans son réalisme appuyé.

Isabelle Huppert - que fait-elle dans ce film? - s'en tire assez bien, malgré des propos tirés du roman qu'elle récite d'une manière artificielle. La mise en scène, l'éclairage sophistiqué et le montage en coups de poing s'ajoutent à ce caractère prétentieux. Et que de longueurs! La fin est aussi abrupte qu'insupportable. Dommage qu'elle ne soit pas intervenue une heure plus tôt. ""... Il n'y a pas de regard moral, dit le cinéaste, juste une expérience intérieure à partager."" C'est là ce qu'on peut reprocher à ce film qui nous entraîne, malgré nous, dans cette folie la plus délirante."