Moulin-Rouge

Nicole Kidman (tête d'affiche) et Baz Luhrmann (réalisateur) ont beau être australiens, MOULIN-ROUGE reste foncièrement une comédie musicale américaine et, une fois le genre admis, un mélodrame d'excellente qualité. Et cela même si le thème (de la passion amoureuse) est assez rebattu. Le traitement est brillant, le film très coloré et le rythme soutenu jusqu'au bout (ou presque). L'action se situe autour de 1900, sur scène et dans les coulisses du Moulin-Rouge, dans l'ambiance sulfureuse et éclectique du célèbre cabaret. Le réalisateur Baz Luhrmann a inscrit des airs pop modernes dans des décors d'époque et créé d'audacieux effets de contrastes - et d'anachronismes - musicaux et visuels: on se retrouvera ainsi en compagnie non seulement d'Offenbach et de Van Parys, mais aussi d'Elton John, de John Lennon et Paul McCartney, de Phil Collins et David Bowie... Nicole Kidman incarne avec talent le personnage passionné de Satine, l'étoile du Moulin-Rouge et la plus célèbre courtisane de Paris qui hésite entre l'amour d'un jeune poète désargenté et la gloire que lui offre un riche aristocrate obsédé par sa beauté. Un mélodrame musical qui se développe dans un univers de déchéance où tout est permis, sauf de tomber amoureux.

On est loin du film de Jean Renoir (FRENCH CANCAN, 1955) ou de celui de John Huston qui, avec un autre MOULIN-ROUGE (1952), avait froissé une partie de la critique française acceptant mal qu'on puisse toucher à son patrimoine culturel. Baz Luhrmann, lui, a pris délibérément le parti de tourner le dos à la vérité historique et artistique, portant un regard moderne sur la Belle Epoque et offrant une vision euphorisante et très stylisée de ce monde de la nuit, tragique et enchanteur, haut en couleurs et déjà décadent, qui grisa il y a un siècle les clients du Moulin-Rouge.