Ailes brisées (Les)

Une famille monoparentale en pleine implosion va retrouver le chemin de la vie. Suite au brusque décès de son mari, Dafna, qui travaille en hôpital, se bat pour la survie financière et psychologique de ses enfants. Car aucun membre de la famille n'arrive à tourner la page: ce père, ce mari, manque. Bar, 5 ans, se sent abandonnée; Ido, son frère de 11 ans, rêve d'exploit sportif; Yair, dans son adolescence, ne discerne que l'absurde du monde qui l'habite et l'entoure; Maya, l'aînée, se réfugie dans la musique tout en gérant plus ou moins ses frères et sa sœur; quant à leur mère, elle court sans arrêt. Et la situation ne fait qu'empirer de jour en jour, au point que l'équilibre bien fragile se délite sans que l'un ou l'autre n'y puisse rien changer.

Nir Bergman fait ressentir avec finesse l'état intérieur de chacun, notamment le trouble de la mère dépassée par les événements et la vive culpabilité de Maya qui, tout en rêvant de devenir une véritable chanteuse, se reproche d'avoir été à l'origine de la mort accidentelle de son père.

Expressions et attitudes de chacun sonnent juste jusqu'à révéler combien sont contradictoires les sentiments récurrents de peine qui conduisent à l'isolement et le désir de chacun de ne pas être seul et de compter pour autrui. Et voici que le film devient alors parabole lorsqu'un élément imprévu, même dramatique, se montre susceptible d'inverser le cours du tragique.

Pour ce premier long métrage, Nir Bergman a déjà reçu plusieurs récompenses internationales dont le Prix du meilleur film et du meilleur scénario au Festival de Jérusalem, et le Prix John Schlesinger au Festival de Palm Springs en 2002. Ce premier film, qui n'évoque pas le climat politique d'Israël, témoigne avec force et sensibilité remarquables que les conflits, lorsqu'ils sont intérieurs et personnels, envahissent tout l'espace.