Critique
"Premier film d'un cinéaste kirghiz, Marat Sarulu, LE FAISAN D'OR est une magnifique métaphore sur l'existence, un hommage à tous ceux qui, comme ici le long d'une voie de chemin de fer, se situent en lisière du monde et cherchent à partir découvrir ce qu'il y a au-delà...
La première partie, véritable ode à l'enfance vagabonde et sauvage, met en scène quatre enfants qui descendent en jouant vers la voie ferrée, espérant peut-être em-prunter un convoi qui les emportera au loin. Petits nomades courant et se bousculant dans l'immensité d'un paysage de collines s'étendant à perte de vue, ils constituent une petite meute, entraînée par Urmat, le plus grand d'entre eux et le plus mûr.
La deuxième partie nous enferme, sans transition ou presque, à l'intérieur d'un train qui circule sur cette ligne, dans un milieu clos qui est en même temps l'image de la société kirghize, même si le discours du film a sans doute valeur quasi universelle. Il y a là ceux qui rêvent de partir et ceux qui ont perdu l'espoir de pouvoir le faire, un monde fait de rêves et de regrets, de retrouvailles et de conflits, où la légèreté du ton n'occulte pas le tragique des situations. Un artiste-peintre (c'est tout un symbole!) se fera éjecter du train: il rejoindra les enfants qu'il trouvera au bord de la voie, et s'en ira avec Urmat. ""Les oiseaux ne pensent pas au lendemain, dit le peintre à son jeune compagnon. Ils volent, c'est tout.""
Une galerie de personnages émouvants, une très belle fable (en noir et blanc), et une mise en images souvent stupéfiante. Du grand cinéma."
Antoine Rochat
