Critique
Le romancier Mort Rainy (Johnny Depp) est en train de divorcer, sa femme (Maria Bello) l'a quitté depuis plusieurs mois. Il est désespéré, ne parvient plus à écrire, se laisse complètement aller, lorsqu'il est tiré de sa détresse par un inconnu (John Turturro) qui se prétend écrivain lui aussi. Mort aurait plagié l'une de ses nouvelles. Renvoyé, il insiste. Rainy va comprendre peu à peu qu'il est harcelé par un dangereux psychopathe.
Le film de David Koepp est habile, agréable, drôle, bien qu'il soit à vrai dire un film d'horreur. La tension est entretenue par les méthodes classiques, mais sans exagération. Le décor dans lequel vit Mort Rainy joue de son ambiguïté: une atmosphère chaleureuse dans la maison, un paysage bucolique, mais un lieu isolé dans la forêt, à proximité d'un lac dont on devine combien il devient ténébreux au crépuscule.
Et quel parfait psychopathe que John Turturro! Pas un geste plus brusque que l'autre, pas un mot plus haut que l'autre, il est l'impassibilité même, sans rien en lui qui dénonce le fou. Il l'est pourtant, avec assez de talent pour réussir à faire naître l'angoisse la plus subtile. Johnny Depp est excellent, lui aussi, perdu, paumé, mais sarcastique à ses heures. Les deux acteurs donnent beaucoup à ce film qui, au final, laisse mitigé. C'est une fois de plus l'histoire de Stephen King qui pêche. Basée sur une bonne idée générale, qui mêle étroitement psychiatrie et criminalité, elle boite trop dans ses détails pour qu'on s'y laisse prendre.
Geneviève Praplan
