Soleil d'août

Affiche Soleil d'août
Réalisé par Prasanna Vithanage
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 478

Critique

"Sur fond de guérilla, Prasanna Vithanage raconte en parallèle trois histoires qui s'inspirent de faits réels qui se sont déroulés à Colombo et dans le nord du Sri Lanka, en 1996.

Depuis vingt ans le Sri Lanka connaît la guerre civile - on le sait puisque beaucoup de Tamouls sont venus se réfugier en Suisse. Le cinéaste place son triple récit sur deux journées du mois d'août 1996, dans trois lieux différents, au lendemain du processus de paix qui avait échoué, les Tigres tamouls ayant repris leurs attaques.

Il y a Duminda, un soldat en permission qui se rend au bordel et qui y découvre une présence familiale; il y a Chamari, femme fidèle à la recherche de son mari, un militaire qui a disparu. Elle pourra compter sur l'aide de Saman, un journaliste qui lui permettra de se frayer un passage à travers les check-points et les zones à risques; il y a Arfath, un gamin de 11 ans qui doit fuir avec sa famille pour échapper aux forces rebelles.

On circule beaucoup dans SOLEIL D'AOÛT: en bus, en taxi, en bateau ou en poussant un vélo surchargé de tous les objets que l'on veut sauver du désastre, sur les routes de l'exode. On passe d'un bel hôtel au plus pauvre des villages, on pénètre dans des régions reculées, on longe des plages de sable. Le cinéaste entraîne le spectateur dans tout le pays, pour lui en révéler toutes les facettes; il fait parler ses personnages tantôt en sinhala, tantôt en tamil, les deux langues de l'île. Sans craindre non plus de rappeler tous les problèmes culturels et religieux (bouddhisme, islam, christianisme) qui sont sous-jacents à la guerre.

La qualité de SOLEIL D'AOÛT tient avant tout à la façon originale dont le cinéaste traite les conflits ethniques et la guerre civile, en décrivant ses conséquences sur la vie quotidienne plutôt qu'en s'attachant à la violence des combats. Tout au plus entend-on un avion et un hélicoptère, tout au plus assistet-on, de loin, à un bombardement. La menace se présente davantage sous la forme de soldats qui patrouillent dans des camions ou qui rançonnent les fuyards aux postes de contrôle.

""J'ai voulu faire un film sur les gens ordinaires"", a dit le cinéaste. Il a donc engagé des acteurs non professionnels et des amateurs: leur interprétation peut paraître parfois un peu maladroite, mais elle échappe au reproche de ""faire du cinéma"". On peut trouver aussi le film trop classique et sa forme trop convenue, la musique trop occidentale et quelques développements trop longs, ces critiques restent secondaires si l'on considère la qualité du message, plein d'humanisme, transmis ici par le cinéaste.





Prasanna Vithanage: né en 1962, le cinéaste sri-lankais signe ici son 5e film. Il est reconnu chez lui et à l'étranger comme un réalisateur de premier plan. A propos de SOLEIL D'AOÛT, il a dit: ""J'ai l'impression qu'avec la guerre, les gens dont devenus plus centrés sur leur petite personne, plus cyniques. Nous ne sommes plus capables de comprendre que nous partageons un même destin, que nous devons lutter ensemble. Cette situation a été à la base du scénario. J'ai ensuite regroupé les trois histoires autour d'une partie de cricket, car chez nous ce n'est pas seulement un jeu. C'est la vie, comme le football au Brésil. Durant les conflits, les différentes factions arrêtent de combattre pour écouter les retransmissions. Le cricket est un symbole de paix."""

Antoine Rochat