Last Life in the Universe

Affiche Last Life in the Universe
Réalisé par Pen-ek-Ratanaruang
Pays de production Thaïlande, Japon, Pays-Bas, Singapour
Année 2003
Durée
Genre Thriller, Comédie
Distributeur Océan Films
Acteurs Takashi Miike, Tadanobu Asano, Sinijtra Boonyasak, Yutaka Matsushige, Riki Takeuchi
Age légal 14 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 478
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Rencontre de deux êtres que tout oppose, LAST LIFE IN THE UNIVERSE se présente comme la confrontation de deux mondes intérieurs. Un film thaïlandais, de forme originale et sensible.

Kenji est japonais, maniaque, et n'arrête pas de vouloir se suicider. Bibliothécaire, il habite Bangkok et mène une vie de solitaire jusqu'au jour où, impliqué sans l'avoir voulu dans un règlement de comptes sanglant, il doit s'enfuir. Il croise alors Noi, une jeune prostituée en plein désarroi: sa sœur vient de mourir sous ses yeux, happée par une voiture.

Résumé ainsi, le synopsis de LAST LIFE IN THE UNIVERSE pourrait laisser entendre qu'il s'agit d'une intrigue de type classique, du genre ""deux êtres déboussolés se rencontrent et s'aiment, etc."" Il n'en est heureusement rien. Ou plutôt, le film n'est pas que cela.

D'abord parce que la construction du récit est originale, les images ne permettant pas toujours au spectateur de situer avec exactitude les frontières du réel et de l'imaginaire. Une certaine complexité - intelligente et stimulante - est ainsi entretenue par le cinéaste qui, avec l'aide de son scénariste (le journaliste et romancier Prabda Yoon), laisse à chacun le soin d'identifier, puis d'ajuster les morceaux du puzzle.

Ensuite parce que la rencontre de Kenji et Noi est décrite tranquillement, par petites touches discrètes. Les deux protagonistes n'ont guère de points communs: l'un est introverti, maniaque de l'ordre, insensible à tout signe d'affection; l'autre désordonnée à souhait, extravertie, a de la peine à comprendre cet homme secret. Tous deux vont chercher à se rejoindre, à dialoguer (elle parle thaï, apprend le japonais, mais ils se débrouillent en anglais) avant que la vie ne les sépare et - qui sait peut-être - ne les amène un jour à se retrouver.

""Everybody sad..."" murmure Noi. La tonalité de cette rencontre, c'est vrai, c'est celle de la tristesse, celle d'une mélancolie teintée parfois d'humour. LAST LIFE IN THE UNIVERSE est avant tout un film d'atmosphère - on n'y trouvera guère de références au contexte social ou politique thaïlandais. La narration est lente, les repères temporels sont rares, les ellipses fréquentes, les décors pratiquement limités à quelques intérieurs d'appartements. Mais le film n'est pas banal. Il vaut surtout par ses qualités d'éclairage, par le choix de chaque cadrage, de chaque plan, de chaque détail. Il y a là un style visuel original dû sans doute à la présence - c'est une référence - de l'un des plus grands directeurs de la photographie du moment, Christopher Doyle (chef-opérateur de HERO de Zhang Yimou, de beaucoup de films de Wong Kar Wei, Chen Kaige, Philip Noyce, etc) Le film bénéficie aussi de l'excellente interprétation des deux protagonistes, surtout celle, tout en retenue, de Tadanobu Asano (déjà rencontré dans les derniers films de Kitano et d'Oshima)."

Antoine Rochat