Critique
SANSA est un film déconcertant. Irritant même au début, avec sa structure visuelle chaotique et son rythme haletant. Au fil des étapes de ce (trop) long road movie, cela ne s'arrange guère...
Sansa - c'est le nom du globe-trotter (Roschdy Zem) - est un déraciné qui vit au jour le jour, sans argent, sautant d'un pays à l'autre à la recherche probable d'une forme d'identité. On le suit d'Espagne en Italie, de Hongrie en Russie, aux Indes et au Japon, en Egypte et au Portugal, pour finir au Ghana et au Burkina Faso. Sansa cherche les autres, il aime les femmes, sans s'attacher. La caméra suit ses traces, les perd, les retrouve, comme lui-même perd et retrouve les hommes et les femmes qu'il croise.
SANSA - c'est la qualité du film - présente un intéressant travail sur les images, souvent décomposées ou désarticulées, accélérées ou ralenties, segmentées, jetées en vrac. S'y ajoutent des couleurs saturées ou des touches impressionnistes, mais tout cela sent le procédé. Symphonie d'une multitude de visages, sur lesquels la caméra s'arrête tantôt longuement, tantôt subrepticement, le film de Siegfried laisse songeur: le personnage de Sansa, petit artiste peintre et vagabond, se veut-il l'image d'une forme de liberté et d'insouciance? Son existence flottante, faite de rencontres souvent étranges (fortuites, mémorables, ratées) apparaît comme décalée du réel. Soit. On veut bien admettre que c'est l'amour qui permet à Sansa de vivre et d'aller de l'avant, avec l'amitié de Click (Ivry Gitlis) par exemple, le violoniste génial, compositeur et chef d'orchestre, qui donne une très forte tonalité musicale au film, mais tout cela manque de structure et de poids, et cette philosophie reste vraiment simpliste.
Histoire impossible à raconter, rêve éveillé ou - dans ses meilleurs moments - fable rocambolesque, SANSA pèche très sérieusement par une désagréable volonté esthétisante et par un étirement des scènes qui épuise le spectateur. Le film dure près de deux heures, vous voilà avertis.
Antoine Rochat