Critique
"Il y aura certainement beaucoup de larmes dans les chaumières. Pour autant, Anthony Minghella (LE PATIENT ANGLAIS) n'a pas signé l'œuvre inoubliable qui pouvait offrir une piste de réponse à Michael Moore. Le réalisateur étasunien de BOWLING FOR COLUMBINE se demandait pourquoi tant de violence déchirait son pays. ""Sommes-nous un pays dingue des armes à feu... ou sommes-nous un pays de dingues tout court?""
Le fait est, qu'après l'âpre conquête de l'Ouest, les Etats-Unis ont pour socle une guerre civile horrible. Au nom de cette guerre indirectement destinée - le paradoxe est amer - à combattre l'esclavage, certains ont laissé cours à une cruauté qui n'a rien à envier aux horreurs des récentes guerres ex-yougoslaves. Un état forgé dans la violence est-il donc condamné à vivre avec elle? Martin Scorsese s'interrogeait dans GANGS OF NEW YORK. On se le demande en voyant les premières scènes de RETOUR A COLD MOUNTAIN. Anthony Minghella s'est-il posé la question? Ce n'est pas sûr.
Lorsque Ada (Nicole Kidman) arrive avec son pasteur de père à Cold Mountain, elle reconnaît aussitôt l'homme de sa vie en ce beau garçon timide qui construit l'église. Mais déjà, Inman (Jude Law) est mobilisé pour la guerre de Sécession qui vient de commencer. Ils se connaissent à peine, vont pourtant vivre désormais, chacun de son côté, dans le désir de retrouver l'autre. Après quelques séquences au plus vif du combat, des images de sang et de boue, on retrouve Inman grièvement blessé. La lettre qui lui parvient alors le ramène à la vie. Ada l'attend, il va guérir.
Dès lors, le film s'attache à l'odyssée d'Inman, qui déserte pour essayer de revenir au pays. Les atrocités qui jalonnent son parcours se diluent dans la romance. Beaux acteurs, beaux paysages, beaux sentiments, belle histoire d'amour, certes. Mais ce n'est pas avec RETOUR A COLD MOUNTAIN que Michael Moore trouvera sa réponse."
Geneviève Praplan
