Confidences trop intimes

Affiche Confidences trop intimes
Réalisé par Patrice Leconte
Pays de production France
Année 2003
Durée
Musique Pascal Estève
Genre Romance, Drame, Thriller
Distributeur Mars Distribution
Acteurs Michel Duchaussoy, Sandrine Bonnaire, Fabrice Luchini, Gilbert Melki, Anne Brochet
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 475
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Patrice Leconte réussit souvent mieux - comme ici - dans la confidence et l'intime que dans le drame ou la romance. Son dernier film se rapproche plus de MONSIEUR HIRE ou du MARI DE LA COIFFEUSE que de FELIX ET LOLA ou de RUE DES PLAISIRS. Entre comédie légère et observation fine des êtres, le cinéaste a trouvé, dans CONFIDENCES TROP INTIMES, un ton juste.

A la lecture du scénario, on aurait pu craindre le pire... Une jeune femme à la dérive, Anna (Sandrine Bonnaire), a pris rendez-vous chez un psychanalyste qu'elle ne connaît pas, le docteur Monnier (André Duchaussoy). Parce qu'elle se trompe de porte, la voilà reçue dans le cabinet d'un conseiller fiscal, William Faber (Fabrice Luchini). D'abord surpris, William cherche à comprendre ce que veut cette femme, mais comme elle ne lui laisse pas placer un mot et fixe elle-même le rendez-vous suivant, il va se trouver embarqué dans un rôle imprévu. A la fois touché par la détresse d'Anna et curieux d'en savoir plus sur elle - probablement déjà sous son charme aussi -, il ne lui dit pas tout de suite qu'elle s'est trompée d'adresse. S'installera alors, le quiproquo une fois dépassé, un mystérieux échange entre deux êtres qui vont remettre en question, dans un étrange jeu de vérité (et de mensonge), leur propre existence et celles de leurs proches. Où tout cela les conduira, le spectateur le découvrira lui-même.

CONFIDENCES TROP INTIMES est une réflexion légère sur le dit et le non-dit, sur ce que l'on veut bien révéler de soi-même et sur ce que l'on dissimule. Le docteur Monnier (le véritable psy de l'histoire) le dit d'ailleurs au conseiller fiscal William: ""Vous et moi, on fait le même métier: démêler le vrai du faux dans ce que l'on veut bien nous dire et dans ce que l'on nous cache. A chaque fois, il s'agit de résoudre des névroses"". Peu de choses sont dites en effet dans ce film, et le laconisme des dialogues peut surprendre. Mais on prend vite la mesure des répliques qui sont le plus souvent à double sens: la psychanalyse a passé par là...

C'est vrai que CONFIDENCES TROP INTIMES témoigne d'une démarche qui se réfère tantôt explicitement, tantôt implicitement, à la psychanalyse. A sa façon, chacun des personnages devient ainsi un thérapeute pour l'autre: le docteur Monnier pour William, William pour Anna, et celle-ci le lui rend bien. Tout cela à travers quelques mots, quelques gestes, et beaucoup de retenue. Même si le dialogue glisse parfois davantage du côté des jeux de mots que de la véritable expression des sentiments personnels. Un défaut dont souffre tout particulièrement William...

On pourrait reprocher au film une certaine longueur et la présence de personnages superflus. Ou encore quelques séquences brouillonnes. Mais le denier opus de Leconte tient la route, fortement soutenu par l'interprétation remarquable d'un Fabrice Luchini qui excelle dans le rôle du conseiller fiscal timide et frustré, refermé sur lui-même... au point qu'on se demande comment il a pu avoir, par le passé, une liaison avec Jeanne (Anne Brochet, parfaite dans son rôle ironique et piquant). On connaissait un Luchini bavard, se surpassant dans la brillance et l'éclat du verbe, le voilà tout en intériorité et en finesse d'expression. Quant à Sandrine Bonnaire, dans un rôle ambigu (est-elle mythomane ou manipulatrice?), elle est tout à fait convaincante.

Le 21e film de Patrice Leconte est le récit d'une rencontre atypique, faite de mystères et d'incertitudes, mais ménageant quelques ouvertures sur l'avenir. Finalement, heureusement (pour tout le monde) qu'Anna s'est trompée de porte."

Antoine Rochat