Voyage à Misterbianco

Affiche Voyage à Misterbianco
Réalisé par Paolo Poloni
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
Age légal 7 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 474

Critique

"Je suis au Col du Brenner. C'est ici que commence mon voyage à travers l'Italie. A la douane, je montre mon passeport italien. Parce que je suis italien. Mais je n'ai jamais vécu en Italie. Le père de Paolo Poloni a quitté sa ville natale, Misterbianco en Sicile, pour venir travailler en Suisse. Paolo Poloni y est né. Italien ou suisse? Il s'explique: ""Je devais faire ce film pour comprendre ce pays qui est aussi le mien. C'est quand même ce pays qui a rejeté mes parents, tout comme vingt millions d'Italiens. Je voulais éclaircir mes rapports à l'Italie et savoir si ce pays est capable d'offrir une perspective à ma vie"".

Les agences construisent des voyages par-dessus le pays où elles nous emmènent. ""Des plages de rêves"" promettent-elles pour un Sri Lanka toujours aux prises avec la guérilla. ""Tous les plaisirs à partager"" en Tunisie, sauf la dictature. Paolo Poloni entreprend et filme un antivoyage dans le vrai pays. Il ne l'organise pas, ni n'organise son film. Son long périple en train, bus et auto-stop court sans calcul, au hasard des rencontres. De retour, il choisira les épreuves de tournage les plus parlantes. Cela ressemble à une dérive, pourtant le fil rouge est tendu par le bout de l'itinéraire: Misterbianco.

Du nord au sud, le fils d'immigré rencontre toutes sortes de personnes. Il va au devant d'elles, est souvent accueilli. Les rêves de ces populations se font minces, toujours plus minces. Les ressources qui manquent sont économiques, mais aussi sociales et intellectuelles. On ne fait pas d'études parce que les mentalités freinent, le chômage décourage. A Misterbianco, le maire passe pour utopiste, ridicule: il consacre ses journées à lutter contre la mafia et balayer les rues. C'est le bout du voyage. Le film à peine construit par le montage convient bien à cette mélancolie de la résignation, aux images magnifique de l'Italie en hiver. Paolo Poloni a retrouvé le pays de ses ancêtres. Mais alors que son père a fait le voyage de la Suisse en train, lui prend l'avion pour rentrer à Zurich."

Geneviève Praplan