Almost Blue

Affiche Almost Blue
Réalisé par Alex Infascelli
Pays de production
Genre
Acteurs Jennifer Peedom
N° cinéfeuilles 416

Critique

L'an dernier, le cinéma italien était tragiquement peu représenté au Festival de Cannes: la projection de PANE E TULIPANI était accueillie avec indifférence (heureusement que le bouche à oreille a réparé cette injustice!) Cette année, la péninsule était au rendez-vous, avec LA STANZA DEL FIGLIO (Palme d'Or), IL MESTIERE DELLE ARMI, DOMANI, LE PAROLE DE MIO PADRE et, à la Semaine internationale de la critique, ALMOST BLUE.

Ce film s'inscrit dans la tradition d'un genre cher aux Italiens, le «giallo», c'est-à-dire le polar noir et fantastique, illustré notamment par Mario Bava et Dario Argento. On n'y lésine pas sur l'hémoglobine; un chercheur du Fonds national y trouverait peut-être un intéressant sujet de thèse sur les motivations sanglantes d'un Roberto Succo, tueur en série dont l'histoire a fait frémir le public cannois.

Dans son premier long métrage, Alex Infascelli, qui a débuté voilà dix ans dans des clips, et ça se voit, tourne à Bologne, ville rouge (politiquement; par ses immeubles en brique; par sa sauce bien connue). Un mystérieux tueur en série revêt l'identité et l'apparence de ses victimes, qu'il trucide sauvagement. Il est pisté par un jeune aveugle, génie de l'informatique scannant l'éthernet et associant les voix qu'il entend à une couleur: le bleu est harmonieux, le rouge fiévreux, le vert fou. La police locale étant impuissante, trop compromise avec les notables, une inspectrice «scientifique» est dépêchée de Rome. Sera-t-elle phagocytée par le tueur? Effets stroboscopiques, bande sonore techno-baroque, réminiscences hitchcockiennes: l'exercice de style est séduisant, mais il ne laisse pas grand-chose, et le jury de la (toute) jeune critique ne s'y est pas trompé, ignorant ce film démagogique.

Daniel Grivel