Critique
C'est pas l'homme qui prend la mer, c'est la mer qui prend l'homme, chante Renaud. Alors, quand un bateau reste à quai des semaines durant parce qu'il n'a plus de propriétaire, l'homme devient fou. C'est une histoire de ce genre que raconte Claire Devers, inspirée par le roman de Jean-Claude Izzo. De ce genre seulement, parce que son film reste en-deçà de ce qu'il pourrait montrer.
Le bateau, c'est L'Aldébaran. Il va être vendu, son équipage est débauché. Restent à bord le capitaine (Miki Manojlovic) et son second (Bernard Giraudeau). Tandis que Nedim (Sergio Peris-Mencheta), l'un des marins, se trouve forcé de revenir à bort à cause d'une bêtise qui le prive de son passeport. En tête à tête d'abord, puis en trio, ces hommes affrontent le vide de leur emploi du temps et celui de leur cœur. Reviennent les souvenirs de la terre, ceux pourquoi, peut-être, ils ont pris la mer.
On voudrait en rester au bateau qui s'abîme au bout de sa jetée, à ce qui tisse les liens d'un équipage. Mais on ne sent pas cette fibre peu ordinaire qui lie les hommes à leur navire. Les personnages sont mal cernés. De beaux caractères perdent leur substance dans cette histoire confuse. Les images, par contre, méritent une mention. Deux hublots dont l'encadrement de peinture blanche se ronge de rouille en disent plus long que les circonvolutions amoureuses des protagonistes. Allons, il faut relire Joseph Conrad!
Geneviève Praplan
