Unloved

Mitsuko est une jeune fonctionnaire sans ambition. «Ma vie actuelle me convient», dit-elle humblement. Et la petite monnaie de ses jours s'égrène au bureau, à la supérette, dans son modeste studio. Jusqu'au jour où, grâce à la qualité de son travail et à son joli minois, elle est remarquée par Eiji, cadre bientôt quadra en pleine ascension et récemment divorcé, qui lui propose de partager sa vie luxueuse. Mais Cendrillon rejette le Prince charmant: «Nous sommes trop éloignés l'un de l'autre».

Plus proche d'elle socialement et géographiquement, son voisin du dessous, Hiroshi, intéresse davantage Mitsuko. Déménageur et guitariste amateur, il se contente de peu, ce qui amène la jeune femme à dire à Eiji, outré de ce qu'elle lui préfère un raté: «Quand je suis avec lui, je pense être moi-même».

Le premier long (117 minutes!) métrage de Kunitoshi Manda, qui fut l'assistant de Kiyoshi Kurosawa, est comme un diamant brut qui aurait mérité une taille plus fine lui conférant des arêtes plus aiguës. Mais la narration, faite sur la pointe des pieds, est conduite avec une rigueur jamais en défaut. On prend le temps de s'attacher à une jeune femme anticonformiste, refusant une société axée sur la compétition et le profit à tout prix, ainsi qu'à une individualiste obstinée rejetant les moules dans lesquelles on voudrait la forcer à se couler, et recherchant opiniâtrement une vie qui lui ressemble, marquée par le respect et par la dignité.



Ce film a obtenu le Prix «FuturTalent» du Jury oecuménique de la Semaine internationale de la critique, composé de Bérénice Balta (Radio France internationale), du R. P. Peter Malone (radio-télévision australienne, «Annals» et «The Universe») et de Daniel Grivel. L'article ci-dessus, avec ceux des deux autres jurés, a fait l'objet d'une leçon de critique cinématographique dans le cadre du festival.