Critique
L'arrêt sur images que Samuel Benchetrit offre sur Marie Trintignant est forcément chargé d'émotion. Il faut oublier le drame qui a coûté la vie à l'actrice pour voir son dernier film tel qu'il est, une comédie attachante, mais dont les ficelles épuisent à force de grosseur. L'histoire est d'abord celle de Pablo (Sergi Lopez), un agent d'assurance du style Monsieur Tout le Monde, qui finit par céder aux sirènes de l'arnaque et se retrouve coincé. Pour se refaire, c'est son cousin Léon (Christophe Lambert) qu'il va escroquer. Ancien adepte du LSD, celui-ci est un peu demeuré et attend, dans sa boutique spécialisée, le retour de ses héros Janis Joplin et John Lennon. Pablo engage un acteur (François Cluzet) et sa femme (Marie Trintignant) pour les incarner.
Le côté policier du film est totalement raté, ce n'est pas le propos de Samuel Benchetrit qui aurait tout de même pu le soigner un brin. Le plaisir du film vient surtout du personnage de l'épouse. Abrutie par son rôle de femme au foyer, elle découvre sa vraie personnalité en incarnant celui de la chanteuse Janis Joplin. Marie Trintignant y donne beaucoup d'elle-même. Quant au réalisateur, qui a partagé la vie de la comédienne, il l'a filmée avec beaucoup de tendresse et même n'a-t-il pensé qu'à elle en filmant certains plans rapprochés, comme s'il oubliait le film pour devenir un photographe de portraits.
Geneviève Praplan