Evelyn

L'Irlande très catholique et puritaine a souvent fait le sujet de récits à caractère social. Il s'agit généralement de faits réels. C'est le cas ici de ce drame qui s'est déroulé dans les années 60 et qui a bouleversé tout le pays. Son héroïne, Evelyn, vit aujourd'hui en Ecosse.

C'est un cinéaste australien, complètement atypique, qui va empoigner ce sujet fort et émouvant. Bruce Beresford, qui a quitté son pays pour les USA, a signé des œuvres de genres très différents (TENDRE BONHEUR, DAISY ET SON CHAUFFEUR, PARADISE ROAD).

Il fait cependant preuve d'une certaine sensibilité sociale et d'une générosité de sentiments qui éclate ici.

Abandonné par sa femme, Desmond Doyle (Pierce Brosnan) doit élever seul ses trois jeunes enfants. Mais la loi irlandaise ne le permet pas. Evelyn et ses deux frères seront placés dans des institutions religieuses. Un dur combat attend ce père déchiré pour retrouver ses enfants. Il faudra passer par une réforme de la loi. Avec l'aide d'un avocat et de sa fille aînée qui fait preuve d'une étonnante maturité, il parvient à faire évoluer la loi et la mentalité de son pays.

Comme on le voit, ce film attachant par ses accents d'authenticité, aborde de nombreux thèmes, la famille, la volonté de faire éclater le bon droit, la force des sentiments et l'évolution des mœurs d'une société et d'une religion par trop fondamentaliste. Beresford et l'excellent Pierce Brosnan parviennent à éviter un manichéisme facile. Leurs personnages, du juge aux bonnes sœurs, sont nuancés. Peut-être forcent-ils un peu sur les bons sentiments et frisent-ils le mélo? Mais c'est le sujet lui-même qui s'y prêtait. Le spectateur ne peut s'empêcher d'être pris par cette histoire et de ressentir des moments d'émotion. Et fichtre, ce n'est pas interdit, d'autant que cela devient rare au cinéma.