Critique
"Le deuxième film de Agustin Diaz Yanes est une heureuse surprise. Le titre est déjà évocateur (panne de communication spirituelle?) et les premières scènes sont très réussies. SIN NOTICIAS DE DIOS démarre donc bien et a le mérite de tenir le spectateur constamment en éveil par la suite. Variation farfelue sur le conflit éternel opposant le Ciel et l'Enfer, le bien et le mal, ce film espagnol est un joyeux voyage visuel plein d'humour et d'invention. Manifestement Agustin Diaz Yanes a le sens du cinéma.
On est en 2001. Rien ne va plus ni au Ciel (la pénurie d'âmes méritantes est alarmante), ni en Enfer (débordé par la masse des nouveaux venus). La gérante des Cieux Marina D'Angelo (Fanny Ardant, remarquable dans le genre ""chic"") prend la chose en mains et décide, pour donner un exemple et un signe clair au monde entier, de sauver une âme, celle de Many, un boxeur mal en point et endetté. Elle délègue Lola (Victoria Abril), un ange expert en la matière, pour épouser Many et lui assurer une place au paradis. Ce qui va exaspérer bien sûr le responsable en chef des Enfers, John Davenport (Gael Garcia Bernal) qui va dépêcher sur terre Carmen (Penélope Cruz), sa meilleure agente infernale, en tant que sosie de la cousine dudit boxeur.
A ce niveau du scénario ou pouvait craindre une schématisation réductrice ou les clichés habituels d'une banale méditation sur le bien et le mal. Il n'en est rien: l'ange et la démone - toutes deux talentueuses - vont se livrer à un combat sans merci et plein de surprises, s'efforçant de faire pencher la balance de leur côté. La suite - pétillante d'idées et de renversements de situations - est à découvrir.
Une intrigue fine et intelligente, des décors originaux - pour le Ciel un cabaret très ""class"" des années 50, en noir et blanc; pour l'Enfer un pénitencier aux teintes rougeoyantes -, des dialogues malicieux (parfois un peu longuets), une interprétation hors pair du duo Victoria Abril et Penélope Cruz - la première (fidèle interprète des films de Vincente Aranda et de Pedro Almodovar) dans le genre chanteuse de cabaret et ange (au féminin) patiente et décidée; la seconde surprenante dans un rôle de fausse jetone séduisante, à la dégaine de cow-boy, - tout cela contribue à faire de SANS NOUVELLES DE DIEU un film qui a un ton personnel, celui d'une comédie noire et joyeuse, insolente et pleine de tact à la fois."
Antoine Rochat