Critique
BILLY ELLIOT, succès cinématographique de l’hiver, a montré la rage, la passion, la volonté farouche manifestée par un jeune garçon qui veut devenir danseur jusqu’à l’école qui en fera un professionnel. Après que Billy a réussi son examen d’entrée, le film fait un bond par-dessus les années, le jeune garçon est devenu danseur étoile. Ce qui se passe entre-temps, on l’imagine. Mais pour en savoir plus, il faut compter sur la caméra de Nils Tavernier qui consacre un documentaire aux danseurs de l’Opéra de Paris. Il pénètre par l’entrée des artistes dans cet immense navire, Palais Garnier, Opéra Bastille, dont l’école forme aujourd’hui les meilleurs danseurs du monde. Ce n’est pas une petite affaire que de grimper dans cette hiérarchie extrêmement contrôlée du tutu. La lutte est terrible, le travail incessant, la souffrance réelle. Il n’y a rien de plus hypocrite qu’un chausson, la douceur de son satin sur une armature intraitable qui cambre le pied à la limite de la brisure.
Nils Tavernier a pratiqué la danse pendant dix ans. Aujourd’hui, il la filme. Il le fait avec la sympathie de celui qui sait, suscite des confidences de la part des danseurs et donne de belles images de ce monde confidentiel, discipliné, qui ne connaît pas la complaisance. Les spectateurs n’échapperont pas à Béjart, de passage au moment où il crée la «IXe Symphonie». Mais c’est là l’occasion de rappeler que l’Opéra de Paris n’est plus si exclusivement dévoué aux ballets romantiques. Les petits rats se frottent dorénavant aux chorégraphes contemporains comme Kylian ou encore Forsythe, même si ce dernier base son travail sur la rigueur de l’enseignement académique.
Geneviève Praplan