Blue Moon

Affiche Blue Moon
Réalisé par Andrea Maria Dusl
Pays de production U.S.A.
Année 1988
Durée
Musique Phil Marshall
Genre Drame
Acteurs Gene Hackman, Elias Koteas, Burgess Meredith, Teri Garr, Kevin Cooney
Age légal 12 ans
Age suggéré 16 ans
N° cinéfeuilles 462

Critique

"Belle réussite que cette première œuvre d'Andrea Maria Dusl! Son voyage est splendide, à la fois intérieur et social, poétique et dramaturgique, ethnologique et amoureux. Histoire d'amour entre deux êtres autant qu'entre deux mondes.

Trois passagers au départ: une femme ukrainienne aux multiples visages. Ceux-ci témoignent de sa soif ardente pour venir à bout de son harassante lutte pour la vie. Jana mène une courageuse quête d'identité, obligée de composer avec les pièges que constituent les modèles occidentaux et leur attirance. Il y a Johnny Pichler, l'Autrichien, l'homme qui incarne cet Occident, ses richesses et son bien-être. Mais ses yeux sont généreusement ouverts sur l'univers nouveau qu'il découvre et par lequel il se laisse surprendre et séduire: l'Est. L'amour qu'il voue à Jana est le fil rouge qu'il suit assidûment, franchissant sans faute les nombreux obstacles qui les séparent.

Ignaz Springer est le troisième larron, le vilain petit canard. L'Allemand issu de l'ex-RDA part vers l'Est en petit conquérant profiteur, minable et crapuleux. Il gravite autour du couple central avec en mains les cartes capables de le laminer. Incarnation de l'opportunisme égoïste et sans scrupules, il est habilement positionné comme révélateur de la passion en même temps que - bien qu'aucunement rival - sa principale menace.

Le film se lit d'Ouest en Est, dans un scénario habilement modelé qui sans cesse aiguise la curiosité et bondit de surprise en découverte, de clins d'œil cinématographiques en allusions historiques.

Andrea Maria Dusl a mis douze ans pour confectionner ce joyau. Au départ, elle avait conçu une juxtaposition de quatre-vingts petites histoires de deux minutes, tournées indépendamment les unes des autres. Après la mise en boîte de la sixième, elle décide de remodeler le tout: LE TOUR DU MONDE EN QUATRE-VINGTS JOURS devient BLUE MOON. Après une longue recherche, elle trouve un producteur courageux et démarre dans le tournage.

Les qualités esthétiques sont indéniables. Le soin tout particulier accordé aux décors et aux cadrages, la maîtrise du cameraman (la plupart du temps en caméra portée) donnent au film l'impression de respirer avec les êtres et les espaces. S'en dégage une poésie latente qui imbibe paisiblement la toile de la première à la dernière seconde.

Cette poésie, sécrétée par la finesse du scénario, est largement relayée par la mise en scène et le jeu des comédiens. Les personnages du couple, à la fois crédibles dans leur rôles individuels et dans leur interprétation symbolique de deux mondes - l'Est et l'Ouest - s'approchent délicatement et craintivement l'un de l'autre. L'élan amoureux s'élargit, dévoilant progressivement quelques étonnants visages de l'Est européen. Résolument optimiste, le film nous invite rien moins qu'à partager cette passion.





Andrea Maria Dusl:

Née à Vienne en 1961, Andrea Maria Dusl étudie les Beaux-Arts et obtient son diplôme en 1985. Elle est engagée par la suite comme assistante de production dans différents théâtres autrichiens, avant de se consacrer à plusieurs médias. Dès 1996, elle collabore à l'hebdomadaire viennois ""Falter"". BLUE MOON a obtenu le Grand Prix du Filmfestival de Graz et le Léopard d'Or à Locarno en 2002."

Ancien membre