Petite Lili (La)

Affiche Petite Lili (La)
Réalisé par Claude Miller
Pays de production France
Année 2002
Durée
Genre Drame, Romance
Acteurs Nicole Garcia, Bernard Giraudeau, Robinson Stévenin, Jean-Pierre Marielle, Ludivine Sagnier
N° cinéfeuilles 460
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Le film de Claude Miller pose au départ une question intéressante: est-il possible de concilier vie personnelle et carrière dans le cinéma? L'histoire de Lili, jeune et ambitieuse comédienne bretonne, tente d'y répondre. Le film se laisse voir avec plaisir, mais le cinéaste français donne assez vite l'impression de vouloir nous refaire le coup de LA NUIT AMERICAINE. Sans succès d'ailleurs. Le jeu des acteurs - Ludivine Sagnier, Bernard Giraudeau, Nicole Garcia, Jean-Pierre Marielle, Robinson Stévenin - a beau être excellent, les ultimes scènes de LA PETITE LILI qui tentent de conjuguer art et vie dans un contexte de tournage de film ne sont pas convaincantes et ne peuvent rattraper une heure et demie de chassés-croisés amoureux, générationnels ou sociaux. N'est pas Truffaut qui veut. Ni Sautet non plus.



Antoine Rochat





Claude Miller a adapté librement la célèbre pièce de théâtre de Tchekhov ""La Mouette"" pour parler du cinéma, de l'évolution des aspirations des artistes au cours de leur vie, et sans doute en guise d'introspection personnelle. Sa transposition de ce classique met en scène une famille qui passe ses vacances dans une superbe propriété en Bretagne. Mado (Nicole Garcia) est une actrice célèbre vieillissante, son fils Julien (Robinson Stevenin) veut devenir cinéaste et est amoureux de Lili (Ludivine Sagnier), une belle jeune fille de la région rêvant d'embrasser une carrière d'actrice. Elle est attirée par Brice (Bernard Giraudeau), réalisateur installé et amant de Mado. Et le vieux Simon (Jean-Pierre Marielle) observe tout ce petit monde d'un œil désabusé.

Ce film chorale fait le portrait d'une série de personnages aux prétentions diverses, dont les relations se composent de beaucoup d'amour, mais aussi de défiance. La première partie met en place tous ces protagonistes de manière très classique. Plusieurs films français des années 70 utilisaient déjà ce procédé d'une famille ou d'un groupe d'amis isolés dans une grande maison où le spectateur découvre le caractère de chacun. Si Miller maîtrise ce genre de mise en scène et bénéficie d'un casting de rêve, il ne transcende pas le genre. La suite du film, soit après une ellipse de cinq ans, s'avère nettement moins réussie. C'est aussi à ce moment-là que le réalisateur prend plus de distance par rapport à Tchekhov. Il tombe dans un double narcissisme en mettant en abîme ses propres doutes sur son métier et le tournage du jeune cinéaste racontant les événements de la première partie du film. Les acteurs se révèlent pour la plupart beaucoup moins convaincants dans ce jeu d'interprétation de leur propre rôle. Ludivine Sagnier, parfaite jusque-là, ne convainc pas en actrice arriviste, alors que Bernard Giraudeau et les autres paraissent plus distants. Jean-Pierre Marielle survole l'ensemble en apportant son humour et tout son charisme.

Claude Miller souffrirait-il d'un manque d'imagination pour réaliser cet exercice de style gratuit et éculé de l'artiste qui s'auto-analyse? Toujours est-il que le résultat, mis à part l'interprétation des acteurs, laisse dubitatif. Le thème n'est qu'effleuré, sa petite critique sur le cinéma conventionnel pourrait même concerner son film, et le récit liant le tout brille par son absence d'originalité. Au même titre que Téchiné, Miller s'enfonce dans un certain cinéma de qualité à la française qui n'intéresse plus grand-monde.



Ivan Corbisier, in CCAC"

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