Critique
Présenté hors compétition (le film, conçu pour la télévision (RAI), dure plus de 6 heures!), LA MEILLEURE JEUNESSE de Marco Tullio Giordana est un voyage passionnant au travers des 35 dernières années de la société italienne. Le réalisateur a choisi de suivre une famille et de s'attacher tout particulièrement aux pas et aux existences de Nicola et Matteo Carati, deux frères dont les destins seront à jamais marqués par leur rencontre, au moment de leurs études, avec Giorgia, une jeune femme souffrant de troubles psychiques. Grâce à une direction d'acteurs rigoureuse, grâce aussi à des comédiens hors pairs (Luigi Lo Cascio, Alessio Boni), cette saga historico-familiale joue sur le subtil parallèle des destins individuels et collectifs, en partant de la fin des années 60 et en allant jusqu'à nos jours. On pense à Visconti (ROCCO ET SES FRERES) ou à Scola (LA FAMILLE), on traverse tous les événements majeurs de l'Italie - l'inondation de Florence en 1966, la lutte contre la mafia en Sicile, les mouvements d'étudiants, les Brigades rouges, le terrorisme pour n'en citer que quelques-uns. LA MEILLEURE JEUNESSE est la fresque d'une génération qui, avec ses contradictions, ses idées parfois utopiques, sa rage aussi, a essayé de ne pas se résigner au monde tel qu'il était, souhaitant le rendre meilleur... Un film trop long pour la compétition (officielle) cannoise, et c'est dommage. A ne pas rater quand il sortira sur les petits écrans, même débité en tranches. Qui sait, peut-être même sur le grand écran puisqu'il a obtenu le Prix Un certain regard?
Antoine Rochat