Critique
En 2001 le cinéaste Paul Recha avait présenté PAU ET SON FRERE, un coup d'œil jeté sur une famille de la campagne espagnole, en même temps qu'une œuvre (très) contemplative. Avec LES MAINS VIDES, on retrouve le même côté pictural, la même analyse psychologique et sociale, finement menée. Dans le petit village de Port Vendres, à quelques kilomètres de la frontière franco-espagnole, plusieurs personnages sont confrontés à des problèmes d'incommunicabilité, aux conflits des générations, aux énigmes posées par un passé non élucidé (guerre civile? terrorisme?) Le talent de Paul Recha se situe davantage dans une mise en scène précise et subtile, privilégiant le détail, et dans une ferme direction d'acteurs plutôt que dans la mise en images d'un scénario sans aucun doute trop complexe. Le cinéaste aurait-il voulu cacher des choses au spectateur qu'il ne s'y serait pas pris différemment. S'installe alors pour chacun un climat fait de doutes, de langueur propice à l'ennui. Un film trop long pour la description de cette petite société oubliée, semble-t-il, du reste du monde, et qui ne fait rien non plus pour se sortir de son isolement.
Antoine Rochat