Cœur ailleurs (Le)

Affiche Cœur ailleurs (Le)
Réalisé par Pupi Avati
Pays de production Italie
Année 2003
Durée
Musique Riz Ortolani
Genre Drame
Distributeur Océan Films
Acteurs Neri Marcoré, Giancarlo Giannini, Vanessa Incontrada, Nino d'Angelo, Sandra Milo
N° cinéfeuilles 460
Bande annonce (Allociné)

Critique

"A Bologne dans les années 20, le fils plus très jeune du couturier du pape est placé par sa famille comme professeur de latin dans une école mixte, dans l'espoir qu'il y trouve enfin une épouse et que la descendance soit assurée. Naïf et maladroit, bien qu'intelligent et charmant, le candidat au mariage rencontre, dans un institut pour non-voyants, une fille sublime dont il tombe éperdument amoureux. Mais il s'avère que celle-ci, véritable briseuse de cœur qu'un accident a rendue passagèrement aveugle et moins redoutable, ne semble pas faite pour lui.

Chapeau à Pupi Avati qui parvient à éviter le mélo classique avec cette histoire des plus sentimentales. Bien sûr une certaine critique ne manquera pas de souligner que la photo est léchée, les cadrages et les lumières savamment étudiés, les dialogues directs et que tout cela est bien conventionnel. Il n'empêche que les sentiments sont finement analysés, que la manipulation familiale est bien observée et que la relation de tendre domination qui s'établit entre deux êtres absolument pas faits pour se rencontrer est parfaitement décrite. Alors ne boudons pas notre plaisir, voilà une comédie romantique dont on sort enchanté, le cœur léger et le sourire aux lèvres, même si le happy end n'est pas tout à fait celui que l'on imaginait.



Georges Blanc





Etrange, mais fort agréable histoire, le dernier film de Pupi Avati quitte la voie balisée des productions convenues.

Depuis son premier film, BALSAMUS, en 1968, Pupi Avati a participé à plusieurs festivals et même été candidat aux Oscars (1997/98) pour IL TESTIMONIO DELLO SPOSO. LE CŒUR AILLEURS lui a valu le Prix de la meilleure mise en scène. Il se présente comme une sorte de regard que le réalisateur italien poserait sur sa propre jeunesse. Comme lui, admet-il, son personnage central a le cœur ailleurs, ""c'est quelqu'un qui projette constamment son côté le plus sensible dans une autre dimension, qu'elle soit spatiale ou temporelle. C'est une tendance à vivre en étant constamment tendu vers un rêve, et cette tension crée un déséquilibre"".

Nello (Neri Marcorè), Romain de 35 ans, vient de quitter ses parents. Son père est tailleur de la papauté. Mais le fils n'a jamais été intéressé par la couture, fût-elle pontificale. Son monde à lui, celui dans lequel ses rêves s'épanchent à loisir, c'est celui de la littérature qu'il va enseigner à Bologne, avec succès d'ailleurs. Il s'installe dans une pension pour hommes et partage sa chambre avec un coiffeur d'une autre trempe, qui s'ingénie à le défaire de sa candeur. C'est ainsi qu'il est conduit dans une institution pour aveugles, histoire d'y rencontrer une jeune femme en mal d'époux. Mais c'est Angela (Vanessa Incontrada) dont il fait la connaissance, belle, culottée, indépendante, forte, égocentrique, tout le contraire de Nello qui forcément, tombe amoureux d'elle. Son initiation sentimentale très particulière va lui faire perdre ses illusions.

L'histoire se déroule dans les années 20. C'est un récit comme on n'en voit jamais au cinéma et son originalité à elle seule mérite le détour. Mais il y a plus. Le portrait de ces personnages extrêmes est peint avec une délicatesse exemplaire. Pas de caricature, ni chez l'un, ni chez l'autre. Nello, timide maladif et fleur bleue comme on n'en fait pas, ne cesse de se moquer de lui-même, tant il se connaît bien. A la fois tragique et drôle, LE CŒUR AILLEURS pose ses décors dans une réalité qu'on a racontée à Pupi Avati. L'hospice pour aveugles a bel et bien existé. On y organisait des thés dansants pour tenir compagnie aux jeunes filles qui y étaient pensionnaires. Un autre aspect insolite du film est la maison de couture du père de Nello. Elle aussi est l'occasion de pimenter le drame personnel de Nello et de donner à l'histoire cette trame excentrique qui fait son charme. Car il n'y a pas de rupture dans l'étonnement que suscite le film. Et de surprise en surprise, cet étonnement est toujours un plaisir.



Geneviève Praplan"

Ancien membre