Critique
"MORO NO BRASIL: en portugais, ""Je vis au Brésil"". C'est le titre d'un road movie tourné par un réalisateur finlandais né en 1955 dont je ne suis pas parvenu à établir s'il est le frère d'Aki (encore qu'il ait collaboré avec lui)... Toujours est-il qu'il a une filmographie copieuse et que, depuis une dizaine d'années, il vit à Rio de Janeiro où il tient un club à Copacabana, club dans lequel défilent de nombreux groupes témoignant de la world music.
S'ouvrant sur des paysages norvégiens enneigés à souhait et balayés par une bise glaciale, le film nous transporte aussitôt dans le monde chaleureux du Brésil, offrant une anthologie musicale de cet univers exotique: rythmes indiens, cadences lusitaniennes, tourbillons de la samba, métissage avec le funk et le rap.
Cinématographiquement, ça ne comble pas le regard, mis à part quelques vastes horizons et des ciels turnériens. Humainement, ça rayonne de bonne humeur et d'optimisme. Le soussigné avoue avoir parfois décroché pendant la première heure, souvent archéologique dans son souci d'authenticité, mais s'être laissé séduire par les paillettes et le kitsch des prestations plus contemporaines - certes aussi plus commerciales - de la production actuelle. Heureux peuple qui a le rythme et la musique dans le sang (ne dit-on pas que, quand le soleil brille, la misère semble moins apparente?), mais qui sait utiliser la chanson à des fins plus engagées qu'il n'y paraît. Le mélange des cultures et des religions est fascinant, et la vénération des jeunes loups à l'égard des vieilles gloires est réjouissante.
On serait tenté de dire que la bande sonore du film suffirait à satisfaire les amateurs, mais la rencontre avec de vraies présences fait du bien."
Daniel Grivel