Potestad

"Avec POTESTAD on se trouve à Buenos Aires, en 1983. Le président Alfonsin vient d'être élu. Le film raconte une journée de la vie d'un vieux médecin, le Dr Eduardo Martinez, soudainement assailli - alors qu'il se trouve dans le métro - par les images d'un passé qui se mêlent à celles du présent, hallucinations fugitives et tragiques surgissant de sa mémoire. Remontent ainsi à la surface des événements qui ont profondément marqué sa vie et qui, aujourd'hui, réveillent une mauvaise conscience jusque-là étouffée. Impliqué dans la très sombre période de la dictature des généraux de la fin des années 70, Eduardo est envahi par un subconscient qui lui renvoie des pans entiers de sa vie passée, des images de ses proches, de sa fille adoptive de 10 ans dont il n'a plus de nouvelles, et de sa femme traumatisée par la disparition de cette enfant.

En 1984, dans un très beau film militant (LA HISTORIA OFICIAL), le cinéaste Luis Puenzo avait lui aussi évoqué le problème de l'adoption des enfants devenus orphelins à la suite de la mort de leurs parents, brutalement éliminés par la junte militaire. Célèbre opérateur du cinéma argentin, Luis César D'Angiolillo aborde aussi ce douloureux problème, tout en s'attachant davantage à la psychologie et à l'univers intime d'Eduardo. POTESTAD, premier long métrage - parfaitement maîtrisé - du cinéaste dévoile peu à peu les profondeurs du subconscient d'un homme: par bribes, par échappées, par insertions d'images souvent subjectives, le réalisateur accompagne ce personnage hanté par son passé.

Film-puzzle dont le spectateur est chargé de remettre en place les différents morceaux, POTESTAD est une plongée dans l'histoire de l'Argentine, dans les années noires d'une dictature militaire dont les séquelles imprègnent sans doute encore aujourd'hui la société. Un très beau film, soutenu à bout de bras par Eduardo ""Tato"" Pavlovsky, à la fois auteur de la pièce de théâtre dont s'inspire le film et remarquable interprète du personnage central."