Critique
La vue d’une affiche de théâtre semble émouvoir Claire (Sandrine Bonnaire). Dans un long flash-back elle se rappelle son coup de foudre pour Pierre (Jacques Gamblin) et les vingt-quatre heures passées avec ce comédien-improvisateur croisé par hasard lors d’un cocktail d’entreprise qu’il était chargé d’animer.
Les premières séquences de MADEMOISELLE - en particulier la scène d’improvisation théâtrale, très réussie - donnent un sympathique élan à un film qui va malheureusement s’essouffler très vite. De bus manqué en train raté, l’intrigue est de plus en plus prévisible et le film ne peut plus que reposer sur les épaules et le talent des comédiens: Sandrine Bonnaire, toujours aussi radieuse, s’en tire mieux que Jacques Gamblin, qui se limite à garder un air secret et bougon (qui lui convient d’ailleurs). Rien de très marquant donc dans ce film qui ne dépasse pas l’évocation du mystère d’une brève rencontre amoureuse. On a envie de dire que MADEMOISELLE est une histoire simple de plus. Il faut cependant reconnaître à Philippe Lioret des qualités de doigté et de sensibilité: il n’y a pas de fausse note, pas de pathos dans cette comédie sentimentale qui permet à l’émotion d’affleurer par-ci par-là. Un regret pourtant: on aurait pu imaginer que le cinéaste aille au-delà d’une description très extérieure des personnages, dont on ne sait pas grand-chose sinon que Claire a deux enfants et un mari. L’idée (intéressante) de l’interférence entre l’improvisation théâtrale et l’improvisation amoureuse méritait un tout autre traitement: le cinéaste avait là un beau sujet, mais il en est resté à quelques esquisses.
Antoine Rochat