Critique
On est en 1941. Kaliyappan pratique un singulier métier, celui de bourreau. Depuis des générations, sa famille vit chichement des allocations que lui accorde le maharadjah après chaque exécution. Paradoxalement le vieil homme, aujourd'hui fatigué d'accomplir une besogne qu'il conçoit comme une malédiction, joue aussi le rôle de guérisseur: les objets des exécutions sont brûlés et leurs cendres se transforment - de façon efficace semble-t-il - en remèdes.
La première image du film est celle d'un homme qui regarde ses mains, poursuivi par la culpabilité de sa dernière exécution et par l'angoisse de celle qui s'annonce. On sent qu'il se remet ainsi en question au moment où son fils se révèle être un adepte de la politique non violente de Gandhi.
Fable humaniste - s'appuyant sur des faits réels - NIZHALKKUTHU est l'œuvre d'un cinéaste indépendant. Adoor Gopalakrishnan aborde ici le thème de la culpabilité, de la justice et de la raison d'Etat sous la forme d'un récit très lent, accompagné d'images somptueuses, et qui invite le spectateur à la réflexion.
Antoine Rochat
