Goya

Affiche Goya
Réalisé par Carlos Saura
Pays de production Espagne
Année 1999
Durée
Musique Roque Baños
Genre Biopic
Distributeur Artédis
Acteurs Maribel Verdú, José Coronado, Francisco Rabal, Eulalia Ramon, Dafne Fernández
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 455
Bande annonce (Allociné)

Critique

Aux antipodes d'Almodovar et des tendances movida, Carlos Saura continue de creuser son sillon dans le plus profond terreau hispanique. Dans son dernier film, que les mystères de la distribution nous font parvenir plusieurs années après sa réalisation, il évoque le peintre assurément le plus enraciné dans l'inconscient collectif des Espagnols, Francisco de Goya.

Nous rencontrons l'artiste plus qu'octogénaire (extraordinaire Francisco Rabal, décédé depuis), exilé politique à Bordeaux, survivant avec sa dernière maîtresse et la fillette presqu'adolescente qu'elle lui a donnée. Dans un appartement plutôt minable, Goya se souvient de ses années de gloire, lorsqu'il était peintre officiel de la Cour. Une cour tissée d'intrigues, peuplée de personnalités provocantes comme la duchesse d'Albe (belle Maribel Verdu, plus séduisante qu'en peinture) qui deviendra l'égérie et le modèle du peintre.

Goya, dont André Malraux a dit qu'il était le fondateur de la peinture moderne, a en effet laissé une œuvre saisissante. On a certes vu des films plus aboutis sur des peintres (le VAN GOGH de Pialat, LA BELLE NOISEUSE de Rivette); cependant, dans sa photographie, Saura suit admirablement l'évolution de l'artiste, passant des portraits de cour aux désastres de la guerre, nous menant d'un rayonnement artificiel aux clairs-obscurs fuligineux. Ajoutez-y des transparences fascinantes, des chorégraphies dramatiques, des musiques adéquates, notamment le fandango du quintette de Boccherini (avec castagnettes!), et vous êtes au cœur de l'Espagne à la fois farouche et civilisée, grâce à un spectacle total.

Daniel Grivel