Des épaules solides

Affiche Des épaules solides
Réalisé par Ursula Meier
Pays de production France, Belgique, Suisse
Année 2002
Durée
Genre Comédie dramatique
Acteurs Jean-François Stévenin, Louise Szpindel, Nina Meurisse, Dora Jemaa, Guillaume Gouix
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 454

Critique

"Présenté en octobre dernier à Genève (Festival Cinéma tout écran), DES EPAULES SOLIDES suit les pas - ou plutôt la foulée athlétique - de Sabine (Louise Szpindel), une jeune adolescente de 15 ans qui cherche à se faire une place parmi les sportifs d'élite. La réalisatrice Ursula Meier (dans le cadre de la Collection Arte ""Masculin-Féminin"") brosse ici le portrait d'une jeune fille qui s'astreint à un entraînement rigoureux, voire forcené, coachée par un ancien coureur devenu entraîneur, Gelewski (Jean-François Stévenin). Acharnée, parfois butée, Sabine a l'âge de la révolte, et elle hésite entre sa féminité et un désir de gloire sportive qui risque - elle le sait - de la masculiniser. A force de vouloir totalement maîtriser un corps considéré par elle comme une machine qui doit devenir la plus performante et la plus résistante possible, elle aboutit au déni d'elle-même et des autres.

Ursula Meier sait décrire le passage difficile de l'adolescence, le temps du questionnement identitaire, et cela avec beaucoup de sensibilité. Elle réussit à capter les regards, les petits gestes, les hésitations de ses personnages, donnant à son film (de fiction) une composante documentaire très forte. Toute la description du monde de la compétition et de la performance, de l'entraînement des athlètes, de la fascination des records, de la vie en commun des jeunes sportifs de haut niveau, garçons et filles, tout cela est excellent. Et c'est sans doute là que se situent les qualités, mais en même temps les limites de l'ouvrage: la finesse d'observation de certaines séquences vaut mieux que l'articulation même du récit. Peut-être la réalisatrice a-t-elle voulu rendre ainsi sensible la relative incohérence de son héroïne, avec ses idées farfelues, ses mystères parfois et la difficulté évidente qu'elle a à faire un véritable choix de vie.

Ce serait sans doute intenter un mauvais procès à la cinéaste que de lui reprocher - après de nombreux films courts elle signe ici son premier long métrage - d'avoir conçu DES EPAULES SOLIDES comme une suite de séquences (réussies) plutôt que comme un récit construit et s'appuyant sur une forte structure narrative. Mais de solides épaules de cinéaste, quoi qu'il en soit, Ursula Meier en a. A l'évidence."

Antoine Rochat