Ni pour ni contre (bien au contraire)

Affiche Ni pour ni contre (bien au contraire)
Réalisé par Cédric Klapisch
Pays de production France
Année 2003
Durée
Musique Loïc Dury, Mathieu Dury, Charlie O, Sylvia Howard
Genre Policier, Drame
Distributeur Bac Films
Acteurs Vincent Elbaz, Zinedine Soualem, Marie Gillain, Dimitri Storoge, Simon Abkarian
Age légal 14 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 454
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Le réalisateur français réussit son essai dans le film policier. Son dernier long métrage est un plaisir qui ne se boude pas.

Après le franc succès remporté l'an dernier par L'AUBERGE ESPAGNOLE, Cédric Klapisch revient dans un genre nouveau pour lui, le policier. ""J'ai toujours eu envie d'essayer des styles différents, juste pour ne pas m'endormir, pour ne pas m'enfermer. J'ai eu envie cette fois-ci de réaliser un vrai film de genre. Je me suis dit que le fait de respecter les codes et les conventions, ça n'amenait pas forcément à être conventionnel.""

Caty (Marie Gillain) est cameraman pour les informations télévisées. A 27 ans, elle a déjà l'impression de stagner et voudrait se sortir de l'ordinaire. Lors d'un tournage, on lui fait rencontrer un homme qui justement cherche quelqu'un qui accepte de filmer contre une importante somme d'argent. Filmer quoi? Caty apprend qu'il s'agit d'un braquage. Soudain partagée entre le confort de sa routine insignifiante et les perspectives nouvelles qui attisent sa curiosité, elle balance, refuse et accepte. Jean (Vincent Elbaz) lui plaît bien, elle rencontre son équipe, une bande de joyeux garçons sympathiques et tout à coup elle y reconnaît sa famille. Les petits cambriolages sont grisants, certes. Mais un jour, Caty comprend que Jean voit beaucoup plus loin. Le braquage qu'il prépare ne peut se faire sans elle et ce coup-là, s'il réussit, verra la consécration de leur fortune. Exploitée ou en mesure de tirer son épingle du jeu? Le choix, cette fois est difficile, d'autant plus que les copains ont peur. Selon eux, ce plan est irréalisable et beaucoup trop dangereux.

Coup d'essai et coup de maître. Klapisch séduit avec ce long métrage soigné, élégant, ses images généreuses, ses cadrages étudiés, sa mise en scène rapide et efficace, sa confection particulière, gourmande de collages qui sont autant de clins d'œil attachants. Moins singulier que LES NEUF REINES de Fabian Bielinski, NI POUR NI CONTRE n'est toutefois pas un film policier ordinaire, en particulier par le caractère de ses personnages. Le goût de l'argent est mis en évidence à la hauteur de Monsieur Tout le Monde. La petite bande de Jean n'évolue pas dans l'inaccessible décor du vrai Milieu. Ce sont de jeunes truands qui se rangeraient bien s'ils pouvaient, qui confirmer son école de danse, qui ouvrir son restaurant sur la Côte. Quant à Caty, sa solitude n'est qu'une parmi tant d'autres qui, comme la sienne, seraient ravies de s'associer à ces mauvais garçons pour mettre un peu d'amitié dans ces journées.

C'est clair dès le début. Cédric Klapisch se met aux côtés des truands. Mais il s'y met pas tant pour les faire gagner que pour montrer l'ambiguïté de la nature humaine. ""Une phrase de Jean Baudrillard a motivé mon film, explique-t-il: le bien, c'est lorsque l'on fait la différence entre le bien et le mal; le mal, c'est lorsqu'on ne distingue plus cette différence; le mal, c'est la confusion du bien et du mal."" Et d'ajouter, ""on parle beaucoup du bien et du mal aujourd'hui et on voit bien à quel point les gens dangereux sont ceux qui sont persuadés être du côté du bien"". Caty est consciente de cette dualité, c'est ce qui donne son intérêt au personnage et sa saveur au film. Jusqu'aux dernières images, on peut lire le doute dans son regard, le doute mêlé à tous les sentiments contradictoires qui l'ont menée jusqu'à cette fin."

Geneviève Praplan