Toutes les hôtesses de l'air vont au paradis

Affiche Toutes les hôtesses de l'air vont au paradis
Réalisé par Daniel Burman
Pays de production Argentine, Espagne
Année 2001
Durée
Musique Victor Reyes
Genre Comédie dramatique, Romance
Distributeur Pretty Pictures
Acteurs Alfredo Casero, Ingrid Rubio, Daniel Hendler, Emilio Disi, Norma Aleandro
N° cinéfeuilles 452
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Ce film au titre étrange propose un voyage sympathique dans un paysage gelé, où l'on retrouve pourtant la chaleur de la vie.

L'Argentin Daniel Burman n'est pas très éloigné de l'Epagnol Pedro Almodovar avec son quatrième long métrage. Le titre, déjà, promet une œuvre originale, à la fois drôle et mélancolique. Il ne trompe pas. Teresa (Ingrid Rubio) et Julian (Alfredo Casero) vivent à Buenos Aires. Elle est hôtesse de l'air, enceinte par accident, infiniment lasse de la vie. Il est ophtalmologue, vit très mal le deuil de sa femme, hôtesse de l'air elle aussi, dont il conserve les cendres dans une boîte laquée. Ils ne se connaissent pas, mais se croisent sur le vol d'Ushuaïa et descendent dans le même hôtel. (Peut-il y en avoir plusieurs dans cette extrémité du monde?) Ils vont se rencontrer vraiment, à l'instant précis où ils décident d'en finir avec la vie.

Le décor est campé dans un paysage splendide, mais glacial, désolé. La caméra ne cherche pas à en traquer les effets de lumière pour d'autres besoins que ceux de l'histoire. Discrète, préférant donner une attention généreuse à ces protagonistes voués au malheur, elle semble s'amuser à débusquer parmi les personnages habitués des lieux, ceux qui sont les plus pittoresques, les plus inattendus. Comme ce chauffeur de taxi qui se déclare juif pratiquant. Comme cet employé de l'aéroport qui détache une pièce de chaque avion en escale, pour construire secrètement son propre engin. Comme cette jeune femme, entraîneuse la nuit, spécialiste des lions de mer la journée... Le réalisateur observe son petit monde avec beaucoup de tendresse et un brin de malice. Il peint les drames respectifs avec une distance mesurée de manière à provoquer chez le spectateur une sympathie amusée envers chacun d'eux.

Le film est lent parce qu'il faut du temps à Teresa et Julian pour émerger de leur accablement. Parce que ce pays est gelé, qu'il ne s'y passe rien. Mais c'est un film qui fait du bien par sa poésie, son humour, son parti pris pour les rêveurs. ""Je l'ai réalisé pour divertir les gens, explique Daniel Burman. Je me suis mis à la place du spectateur, de quelqu'un qui désire se sentir mieux après la vision du film."" Le pari est tenu."

Geneviève Praplan