Critique
Petites coupures, oui, et gardez la monnaie... L'exception culturelle française a encore frappé, avec l'affligeant résultat habituel. Remisez votre porte-monnaie et gardez vos sous pour un meilleur film.
Sévère entrée en matière? Certes. Mais c'est justifié: Pascal Bonitzer est un scénariste doué, qui a collaboré avec les meilleurs (Rivette, Ruiz, Téchiné, Deray et les autres), mais qui a peine à convaincre en tant que réalisateur. De la plume à l'objectif, du papier à la pellicule, il y a un passage difficile à franchir. Tout était là pourtant. Un plateau de rêve: Daniel Auteuil, Kristin Scott Thomas (rappelez-vous LE PATIENT ANGLAIS), Pascale Bussières, Ludivine Sagnier, Jean Yanne, Catherine Mouchet, Emmanuelle Devos. Des dialogues intelligents. Une histoire fidèle aux promesses du titre du film: coupure au cutter des doigts de Daniel Auteuil, coupures sentimentales, conjugales; mensonges qui se coupent et se recoupent.
Mais ça ne prend pas. Malgré la bonbonne d'oxygène destinée à assister la respiration de l'un des protagonistes, ça s'essouffle. Les personnages s'engluent dans leurs complications, on tourne en rond, et on attend impatiemment la fin d'un film qui, malgré ses 95 minutes, semble interminable. C'est aussi pathétique que les résultats électoraux des communistes français, dont Jean Yanne incarne ici un député en fin de course.
Daniel Grivel