Japon

Un homme quitte la ville oppressante et gagne la campagne la plus retirée du Mexique. C'est là qu'il veut mourir. Compréhensif, le chef du dernier village - avant le néant - l'envoie loger chez Ascen, une vieille métisse habitant seule dans un canyon désolé. Plongé dans l'immensité d'une nature vertigineuse et sauvage, il est séduit par l'humanité paisible de sa logeuse. Et contre toute attente, l'homme reprend progressivement goût à la vie. Premier signe: sa sexualité refait crûment surface.

La dévotion fervente qu'Ascen voue à la Vierge ne l'empêche pas d'avoir la vie dure. Non seulement elle doit vivre de rien, mais sa frêle habitation est menacée d'écroulement: un héritage attribue à un proche peu scrupuleux la solide grange contre laquelle la masure est adossée. Et comme l'héritier veut récupérer les pierres, l'écroulement du logement est programmé. L'accouplement que l'homme venu de la ville propose à Ascen sera pour chacun le tournant décisif.

En octobre 1997, Carlos Reygadas dit stop. Engagé dans une brillante carrière de juriste aux Nations Unies, il décide de faire du cinéma. Et il a eu raison. Son premier long métrage, tourné avec une équipe de néophytes et des acteurs amateurs, témoigne d'un talent cinématographique certain. Si plusieurs longueurs pèsent sur le récit, la métamorphose des êtres est décrite avec beaucoup de justesse et de poésie. Reygadas nous convie à un voyage initiatique paisible qu'introduisent - fastueuse plongée dans la vallée déserte! - vingt premières minutes ahurissantes de beauté et d'onirisme maîtrisé. Un cinéaste à suivre de près, surtout s'il parvient à dépasser ses défauts de jeunesse et à se rendre plus accessible.