Novo

Affiche Novo
Réalisé par Jean-Pierre Limosin
Pays de production France, Espagne, Italie
Année 2002
Durée
Musique Kraked, Zend Avesta
Genre Comédie dramatique
Acteurs Anna Mouglalis, Nathalie Richard, Eric Caravaca, Eduardo Noriega, Paz Vega
N° cinéfeuilles 451
Bande annonce (Allociné)

Critique

Les films de Jean-Pierre Limosin se veulent hors du commun, mais volonté d'originalité n'est pas toujours synonyme de réussite.

Un choc survenu il y a six mois a rendu Graham incapable de se souvenir des événements qui remontent à plus de dix minutes. Le voilà donc momentanément - selon les médecins - doté d'une mémoire à très court terme. Il vit ce handicap sans souffrir apparemment de la disparition de son identité et de son passé.

Une jeune femme, Irène, tombe amoureuse de lui et lui propose de fixer dans son souvenir à elle ce qu'ils vont vivre ensemble, en attendant... Mais tandis que Graham tarde à retrouver la mémoire, ceux qui ont vécu avec lui et l'ont aimé avant son accident (sa femme et un fils qu'il croise à deux ou trois reprises) se découragent.

NOVO se veut un film sur l'incapacité d'intégrer le vécu, sur l'impossibilité de se fixer affectivement et de garder en mémoire les détails d'une rencontre. Personnage complètement décalé, Graham vit donc dans l'immédiateté, avec l'innocence du premier regard. Tout pour lui est nouveau, possible, parfois même agréable. En même temps tout est éphémère et superficiel dans les relations - réduites à un simple contact corporel - qu'il a avec les femmes.

Jean-Pierre Limosin abandonne ainsi le spectateur dans un espace temporel sans repères, où le passé est quasi inexistant, où le présent est volatil et le futur flou. Mais à force de faire traîner les choses, de brouiller les pistes, le cinéaste en oublie - à l'instar de son héros - sa propre histoire. Et si le temps n'a pas d'épaisseur, les personnages en ont encore moins. Graham est l'exemple-type d'un personnage lisse, constamment disponible sexuellement - on ne parlera pas d'amour -, prêt à prendre en marche toute nouveauté et à s'embarquer dans n'importe quelle aventure avec une innocence qui confine à la naïveté. Il donne finalement la désagréable impression de ne pas savoir ce qu'il se veut et de flotter à longueur de journées.

NOVO est un film à la fois plat et compliqué. Plat parce qu'aucune évolution, aucune transformation ne semble accompagner les personnages. Et compliqué aussi parce que se croisent dans cette intrigue morcelée plusieurs personnages surgis d'on ne sait où et qui tombent là-dedans comme des cheveux sur la soupe.

On cherche vainement dans cette œuvre atypique, essentiellement esthétique, la présence, le point de vue d'un cinéaste. Jean-Pierre Limosin répondra sans doute - c'était déjà le cas dans TOKYO EYES, 1998 - que dans ce film c'est le regard de la caméra qui importe. Peut-être. Mais alors cette caméra, curieuse et volontiers voyeuriste, ne laissera guère de traces dans notre souvenir.

Antoine Rochat