Neuf reines (Les)

Affiche Neuf reines (Les)
Réalisé par Fabian Bielinsky
Pays de production Argentine
Année 2000
Durée
Musique César Lerner
Genre Thriller, Drame
Distributeur Metropolitan FilmExport
Acteurs Ricardo Darín, Gaston Pauls, Leticia Bredice, Ignasi Abadal, Roberto Rey
Age légal 12 ans
Age suggéré 14 ans
N° cinéfeuilles 451
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Petit bonheur, délicieusement immoral, ce film argentin révèle un réalisateur talentueux et des comédiens formidables.

Ce premier long métrage du réalisateur argentin fait une entrée remarquée avec une multitude de prix dont celui du Festival du film policier de Cognac en 2002. L'originalité dont il fait preuve mérite largement ces récompenses. Fabian Bielinsky redonne au genre la fraîcheur qu'il a perdue dans le flot d'une production industrielle qui tire toujours à la même corde. Les ""nègres"" hollywoodiens auraient toutes les raisons de s'en inspirer.

A Buenos Aires, la vie est devenue très difficile et même en voulant rester honnête, on se retrouve obligé de concéder quelques escroqueries. Lorsque Juan (Gaston Pauls) se fait pincer en volant dans une station-service, Marcos (Ricardo Darin) vole à son secours et le convainc de faire équipe. Juan est dubitatif, mais il a besoin d'une grosse somme pour aider son père en prison. Il accepte. De fil en aiguille, les deux complices tombent sur une grosse affaire et décident de la tenter. La confiance ne règne pas et ce ne sont pas les rebondissements de leurs aventures qui vont la stimuler. On n'en dira pas davantage, le récit foisonnant d'imprévus finit par tromper le public lui-même.

LES NEUF REINES offre une jolie leçon d'immoralité. Drôle, plein de fraîcheur et surprenant sans cesse, il tend constamment des pièges dont on ne découvre l'astuce qu'à la dernière minute. ""J'aime manipuler le public pour créer un jeu particulier avec lui, explique le réalisateur. A mon sens, faire un film c'est emmener les gens tout au long d'une histoire. On choisit ce qu'on va leur montrer, l'ordre dans lequel on va le faire. Leur vision dépend de nous."" L'imagination est florissante de séquence en séquence. On pourrait croire à un inventaire de farces et attrapes, celles-ci destinées à récolter quelques pesos, début des millions dont rêvent les protagonistes.

Immoral donc? Oh! très gentiment et trop intelligemment pour que ce film donne de mauvaises idées. Fabian Bielinsky avoue qu'il n'a ""pas décidé dès le départ de ce que serait son film. ""Ce qui m'intéressait, c'était le cadre, l'univers, les personnages et leur destin, le mensonge comme un mode de vie. Tout le reste est venu du développement de l'histoire. Un microcosme d'escrocs génère sa propre tension, qui découle davantage de l'activité des personnages que d'une volonté délibérée de créer le suspense."" Pour y parvenir, il faut vraiment tenir ses personnages, cadrer au plus près leur psychologie. Le réalisateur qui signe également le scénario ne rate pas l'exercice.

Le film avance dans une mise en scène rythmée, son montage laisse de la place à la suggestion. Les acteurs sont formidables. Il y a encore plus. Fabian Bielinsky séduit sans arsenal, sans meurtre, sans cascades. Sil voulait prouver que le plaisir du film policier peut aussi passer par autre chose, il y a parfaitement réussi."

Geneviève Praplan