Aventures de Mr Deeds (Les)

Une fois de plus les producteurs devraient se méfier des films adaptés d'un ancien succès (en français remake). Il faudrait écrire deux critiques. L'une à l'intention des spectateurs qui n'ont pas vu L'EXTRAVAGANT MR DEEDS réalisé en 1936 par Frank Capra avec Gary Cooper. Une autre pour ceux qui ont adoré la comédie sociale du grand cinéaste américain des années 30.

Pour les uns, il n'y a pas grand-chose à dire de cette fable lourde, sans impact et invraisemblable. Longfellow Deeds, un villageois benêt, hérite des milliards d'un oncle qu'il ne connaissait pas. Venu à New York pour réaliser son héritage, il est la victime des moqueries et des magouilles de ceux qui s'intéressent à son argent, sans oublier les médias et la jolie journaliste qui le piège avant de tomber amoureuse.

Cette même histoire, autrement mise en scène et interprétée en 1936 avait un impact sur cette Amérique qui prenait alors conscience de la fragilité d'une civilisation du dollar et de l'inconsistance d'une culture urbaine snobe. Ainsi Longfellow Deeds, qui aimait jouer du trombone dans la fanfare du village, qui faisait l'admiration de ses amis du New Hampshire par ses rimes sentimentales et qui était le chef pompier de Mandrake Falls, n'était ridicule qu'aux yeux de ceux que stigmatisait Capra. C'était un grand monsieur et non pas une marionnette. Et quand il distribuait ses milliards aux nécessiteux, il était loin de ce fantoche de 2002 qui ne sait que faire de son héritage. Capra avait mis du cœur là où Steven Brill n'y a mis que caricature. En 70 ans, les choses et les mentalités ont certes évolué. C'est là que les adaptateurs du 21e siècle se sont plantés. Mr Deeds n'est pas un homme de l'an 2000.