De l'importance d'être constant

Affiche De l'importance d'être constant
Réalisé par Oliver Parker
Titre original The Importance of Being Earnest
Pays de production Grande-Bretagne, U.S.A.
Année 2002
Durée
Musique Charlie Mole
Genre Comédie dramatique, Romance
Distributeur elitefilms
Acteurs Reese Witherspoon, Judi Dench, Rupert Everett, Colin Firth, Anna Massey
Age légal 7 ans
Age suggéré 10 ans
N° cinéfeuilles 450
Bande annonce (Allociné)

Critique

La version cinématographique de la plus célèbre comédie d'Oscar Wilde offre un bon moment d'humour et de détente pour les Fêtes de fin d'année.

Oscar Wilde (1854-1900), écrivain brillant et excentrique, est proche de la quarantaine lorsqu'il écrit De l'importance d'être constant. Son œuvre est déjà derrière lui, son roman Le portrait de Dorian Gray, entre autres. L'écrivain irlandais qui a tenu Londres en haleine avec son talent et ses provocations, entre dans la partie douloureuse de son existence, celle des procès et de la prison qui vont abréger sa vie. Il meurt en 1900, seul et démuni, cinq ans après le succès triomphal de sa pièce. Celle-ci ne porte cependant pas le deuil. Wilde y met tout le plaisir du marivaudage auquel se livrait la bourgeoisie de son temps, la virtuosité de sa plume et la causticité jetée comme un gant à cette bourgeoisie qui l'a renié.

Oliver Parker adapte la célèbre pièce sans chercher à produire une œuvre nouvelle, il se contente de reprendre quelques réparties dans un quatrième acte que Wilde n'a pas utilisé. Tant mieux, d'ailleurs, car comment faire mieux que l'écrivain? Le film reste donc fidèle à l'œuvre, puisant en elle des dialogues savoureux, des situations dignes du plus élégant vaudeville. Car dans cette histoire de faux et de trompe-l'œil, le ton demeure parfaitement courtois.

On y fait la connaissance de Jack (Colin Firth), jeune bourgeois installé à la campagne avec sa nièce Cecily. Depuis quelque temps, il multiplie les escapades à Londres, sous prétexte de rendre visite à son frère Ernest. Quand il est à Londres, Jack se fait appeler Ernest, car son frère est inventé de toutes pièces. Et c'est Gwendolen (Frances O'Connor) qu'il vient voir en réalité, la femme qu'il aime, mais dont on lui refuse la main. A défaut, il se rabat sur son cousin Algy (Rupert Everett). Celui-ci est fortement intéressé par la nièce de Jack qu'il n'a jamais rencontrée. Il va prendre le nom d'Ernest, pour parvenir jusqu'à elle.

Ainsi sont respectés les multiples rebondissements de la pièce, son langage délicieusement bourgeois, ses portraits d'une classe aisée incohérente dans ses principes, le comique de ses fausses situations, et surtout l'ironie qu'y met Wilde. La séquence où Jack-Ernest demande à Lady Bracknell (Judi Dench) la main de Gwendolen mêle la drôlerie à la cruauté dans un étonnant aigre-doux. "Je m'étonne toujours de constater à quel point l'écriture de Wilde est encore moderne", explique Oliver Parker. De fait, la critique sociale apparaît constamment en filigrane. On ne s'en plaindra pas, cela donne son poids à cette comédie tout entière occupée de papillonnages.

Une chose encore. En anglais, "consciencieux, sérieux, sincère" se dit earnest. Il y a donc là un jeu de mot que la version française est incapable de rendre. Les traducteurs de l'époque ont donc opté pour constant, adjectif qui peut lui aussi se convertir en prénom masculin. La version doublée, malheureusement, ne s'est pas résolue à appeler Ernest, Constant.

Geneviève Praplan

Appréciations

Nom Notes
Geneviève Praplan 12
Georges Blanc 11
Daniel Grivel 15
Ancien membre 14
Maurice Terrail 16