René

Affiche René
Réalisé par Alain Cavalier
Pays de production France
Année 2001
Durée
Genre Drame
Distributeur Pathé Distribution
Acteurs Joël Lefrançois, Nathalie Malbranche, Thomas Duboc, Guy-François Malbranche
N° cinéfeuilles 449
Bande annonce (Allociné)

Critique

"Comment vit-on avec plusieurs dizaines de kilos de trop? Alain Cavalier fait le portrait de René (qui souhaite surtout les perdre!) mais se perd à trop vouloir marier cinéma d'auteur et service rendu à un ami comédien.

Le synopsis est limpide: ""C'est l'histoire d'un homme gros qui veut maigrir. Il le fait pour éviter l'éclatement, pour séduire à nouveau, pour renaître"". Ce n'est pas un hasard d'ailleurs si cet homme s'appelle René. Mais le film RENE, c'est aussi l'histoire d'un réalisateur pour qui le cinéma est un art exigeant. Et le spectateur un être humain respectable qui mérite une nourriture culturelle de haute qualité.

Alain Cavalier, depuis plusieurs années, rêve de tourner avec un comédien rencontré alors qu'il réalisait un film à Rouen sur une troupe de théâtre. Immédiatement, la vitalité et la présence d'interprète de Joël Lefrançois décident le réalisateur à en faire le centre et l'âme de son prochain film. ""J'ai essayé sur Joël plusieurs scénarios bâtis sur mesure, confie Alain Cavalier. Tous renvoyaient à des fictions cuites et recuites par le roman et le cinéma.""

Les deux hommes se lient d'amitié. Alain évoque un jour ouvertement devant Joël les problèmes importants qui sont liés à sa corpulence (il pèse 155 kilos). Celui-ci lui raconte comment, malgré le chemin difficile que représente une cure d'amaigrissement, il était parvenu à perdre 40 kilos en l'espace de dix mois héroïques. Et comment, à la suite d'un passage difficile, il avait craqué et repris son poids antérieur.

Déclic chez Alain Cavalier qui propose alors à Joël d'être le personnage central d'une fiction - différente de son histoire à lui - mais dans laquelle l'interprète principal devrait effectivement perdre plusieurs dizaines de kilos. Sa propre perte de poids - une entreprise qui paraissait à Joël totalement au-dessus de ses forces - devenant le sujet du film. Il pourrait puiser dans le tournage un soutien, un engagement vis-à-vis de ce long métrage au cas où il aurait envie de tout envoyer promener. ""A deux, unis par l'amitié et l'estime, nous pourrions faire un film qui sonne juste"", explique Alain Cavalier.

Le résultat est mitigé, malgré dix premières minutes somptueuses. Face à la lettre d'adieu de son amie, René prend un repas ""orgiaque"": séquence d'anthologie. Les contrastes entre excès alimentaires et détresse psychologique, entre abondance de chairs d'une part, dépouillement et concision de la forme cinématographique d'autre part sont saisissants. C'est sans doute le sommet du film, même si plusieurs autres séquences parviennent à s'abreuver à cette artère de grande fécondité: c'est le cas notamment de la visite au petit déjeuner, de celle faite au vieux père, du cadeau d'anniversaire. Une séquence d'un autre genre vaut aussi le détour: René explique à des enfants qui préparent un spectacle de fin d'année scolaire, la nécessité de ""tenir"" le public venu les écouter.

Ces séquences d'exception ne parviennent malheureusement pas à donner assez de relief à un récit qui reste globalement terne. Les dialogues, au ras du français quotidien moyen, ne rehaussent pas le débat. Par manque d'interpellations sur les causes et par manque d'échanges plus explicites entre les personnages, le spectateur reste finalement assez extérieur au combat de cet homme courageux. Et sur le plan cinématographique, il reste un peu sur sa faim."

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