Temps d'un automne (Le)

Inutile de se le cacher: à quelques détails près LE TEMPS D'UN AUTOMNE est un remake de LOVE STORY (1971), immense succès populaire aussi bien dans sa version littéraire (le best-seller d'Erich Segal) que dans celle du cinéma (le film d'Arthur Hiller). On reprend donc les mêmes personnages: Ali McGraw est remplacée par Mandie Moore, Ryan O'Neal a cédé sa place à Daryl Hannah, et l'on exploite le même filon.

Le film d'Adam Shankman soulève les mêmes questions que celui d'Arthur Hiller: peut-on jouer plus lourdement sur la facilité, sur les pulsions les plus sensibles des spectateurs? Peut-on trouver une trame plus faible, une musique plus sirupeuse, une mise en scène plus plate que cette évocation d'un amour brisé par la mort? Il ne s'agit pas de nier les souffrances des héros, mais le film se présente comme l'expression même du pathos programmé à peu de frais. Les acteurs - laissés à eux-mêmes - se donnent beaucoup de peine pour sauver une production sans doute aussi destinée à la TV, à en juger par les effets appuyés, les gros plans récurrents, la simplification extrême de la narration et des enchaînements. Le film joue sur la corde sensible du spectateur, dégouline de bons sentiments et finit par ennuyer.

Pas de sexe, pas de violence, pas de drogue, pas de politique, dira-t-on. De ce côté-là c'est vrai, c'est réussi... Mais il ne suffit pas de remplacer tout ce qui fait (hélas) le succès d'un certain cinéma par le vide, ni de raconter - sans talent - une histoire touchante en y glissant quelques références bibliques et en s'obstinant à y trouver les signes d'un miracle. Tout cela peut sans doute émouvoir, mais ne suffit pas à faire un film.

LE TEMPS D'UN AUTOMNE, c'est l'histoire d'un bel amour qui se termine tristement. Si vous aimez les romances sentimentales (on avait eu droit, il y a deux ans, à un autre exercice du même genre avec UN AUTOMNE A NEW YORK) vous pouvez vous y risquer. Mais alors équipez-vous de mouchoirs.